Myanmar : les ouvrier·es des usines fuient les villes face à un avenir incertain
Solidaires (CM)
Vingt-trois jours après la prise du pouvoir par les militaires, l'usine de chaussures Tai Yi, située dans le canton industriel de Hlaing Tharyar à Yangon, a annoncé qu'elle fermait ses portes et licenciait tous ses employés dans un délai d'un mois. C'est une nouvelle que redoutait Ma Khin Aye, une habitante de Hlaing Tharyar âgée de 35 ans qui travaillait à l'usine depuis sept ans. "À ce moment-là, j’ai d’abord pensé à mon âge", a-t-elle déclaré à Frontier le 11 mars. "J'ai 35 ans. Aucune usine ne va embaucher quelqu'un d'aussi âgé. La plupart ne veulent embaucher que des jeunes."
Le 24 mars, plus de 200 travailleurs de Tai Yi ont reçu des indemnités de licenciement en fonction leur ancienneté. Les sept années de Khine Aye lui ont valu un versement de K 800 000 (483 euros). Déjà en difficulté en raison du Covid-19, le secteur de l'habillement du Myanmar, autrefois en plein essor, a été décimé par les effets du coup d'État du 1er février, mettant en péril plus d'un demi-million d'emplois. Des grévistes des secteurs public et privé - dont de nombreux travailleur·euses du secteur de l'habillement - ont rejoint le mouvement de désobéissance civile, paralysant les ports, les banques et les secteurs logistiques du pays, ce qui rend difficile l'accès des usines aux matières premières ou l'expédition des produits finis.
Ces dernières semaines, la violence a directement touché les banlieues industrielles de Hlaing Tharyar, Shwepyithar et South Dagon, avec des dizaines de manifestant·es tué·es et plus d'une douzaine d'usines incendiées. De plus en plus d'acheteurs étrangers ont temporairement suspendu leurs commandes au Myanmar, et il n'est pas certain que ces activités reprennent. Khine Aye estime qu'elle ne sait pas ce que lui réserve l'avenir. Pour l'instant, elle n'a d'autre choix que de retourner dans sa ville natale, un village poussiéreux du canton d'Ayadaw, dans la région de Sagaing.
"Il y avait autrefois des emplois pour tisser [des textiles traditionnels] et rouler des cheroots [cigares] là-bas, mais plus personne ne tisse, et si je roule des cheroots pendant toute une journée, je ne peux gagner que K 2 000 [1,21 euro]", dit-elle, le regard perdu dans le lointain. "Je n'ai aucune idée de comment je vais survivre".
Khin Aye fait partie des centaines de milliers d'ouvrier·es d'usines au Myanmar dont, avant le coup d'État, la vie ne tenait qu'à un fil, celui de l'espoir que, le monde se remette de la pandémie de COVID-19, que le travail reprendrait et que la vie reprendrait un semblant de normalité. Elle s’estimait heureuse d'avoir pu conserver son emploi, alors qu'elle voyait des centaines de ses collègues être licencié·es.
Mais le coup d'État du 1er février a complètement anéanti ces espoirs.
"Je m'inquiétais toujours de savoir quand je serais licenciée. Maintenant, cela m'est vraiment arrivé", a-t-elle déclaré. "Nous [les travailleur·euses] sommes toujours les premier·es à souffrir quand il y a une crise dans le pays".
Grèves ouvrières
Les travailleur·euses de l'industrie, y compris ceux de l'industrie du vêtement à Hlaing Tharyar, ont été parmi les premiers à descendre dans la rue pour protester contre la junte. Le 6 février, des dizaines d'entre eux·elles ont quitté les usines textiles de la commune et se sont rendu·es en ville pour manifester. Ma Marlar, secrétaire générale de la Fédération des travailleurs de l'habillement du Myanmar, a déclaré que leur fureur face à la prise de pouvoir des militaires était exacerbée par le fait que les travailleur·euses avaient enduré les ravages économiques de la pandémie.
"Tout au long du COVID-19, les employeurs ont sabré les salaires et licencié les travailleur·euses. Les travailleur·euses ont dû faire face à d'énormes difficultés. Maintenant, alors que nous commençons à peine à entrevoir la fin du COVID-19, nous sommes à nouveau écrasé·es par les militaires", a-t-elle déclaré. "Nous savons qu'ils sont une menace pour nos moyens de subsistance, et même pour nos vies". Marlar, 37 ans, qui travaillait dans l'usine de vêtements Mian Yi, propriété de la Chine, à Hlaing Thayar, faisait partie des manifestant·es le premier jour.
Beaucoup de personnes à Hlaing Thayar, dont Marlar, sont convaincues, que la Chine a encouragé le coup d'État et soutient la junte. Mais elle pense aussi qu'en faisant du tort aux entreprises chinoises, cela pourrait forcer Pékin à faire pression sur la junte pour qu'elle se retire. "Il y a plus de 500 travailleurs à Mian Yi et plus de 300 ont rejoint la grève", a-t-elle déclaré. "Le propriétaire nous a permis de quitter nos postes de travail sans être payé·es mais nous a dit que nous devions revenir avant le 3 mai. Certain·es continuent à aller travailler, ce que nous comprenons, car ils et elles ont des difficultés financières." Elle a déclaré que les propriétaires ont essayé de s’accommoder les travailleur·euses, en leur permettant de travailler quand et si ils et elles le peuvent, et de recevoir un paiement à la fin du mois uniquement pour les jours travaillés. "Ils ont dit : 'Si les travailleur·euses veulent venir, venez, et sinon, ne venez pas'. À la fin du mois, ils calculeront les jours où un travailleur·euse est venu·e et paieront le montant dû", a déclaré Marlar à Frontier.
Ces travailleur·euses du secteur privé en grève espèrent bénéficier du soutien matériel que le MDP [mouvement de désobéissance civile] a recueilli. En ligne, des réseaux de financement clandestins ont vu le jour pour soutenir les fonctionnaires qui ont quitté leur emploi dans le but de paralyser la capacité de l'armée à gouverner. Nwet Yi Win et Marlar ont déclaré que les ouvrier·es d'usine en grève ont besoin d'un soutien similaire en espèces ou en nature s'ils et elles veulent que leur grève soit efficace. "Il n'y a pas encore de soutien extérieur [pour nous]. Non seulement des employé·es du gouvernement mais aussi des employé·s du privé ont rejoint le MDP parce qu'ils et elles ne veulent pas d'un dictateur militaire. Nous aimerions que les gens fassent des dons à ces employé·es, qui sont aussi activement impliqué·es dans le MDP", a déclaré Marlar.
La dévastation économique provoquée par le coup d'État et les grèves qui ont suivi était pleinement visible à Hlaing Tharyar à la fin du mois de février, lorsque les travailleur·euses migrant·es ont commencé à quitter la ville pour retourner dans leurs villages. Avec des horaires et des salaires réduits, elles et ils ne pouvaient pas se permettre de payer un loyer en attendant la réouverture des usines. Mais des centaines de milliers d'autres sont parties après le 14 mars, date à laquelle la junte a déclaré la loi martiale dans le canton à la suite d'une répression brutale au cours de laquelle elle aurait tué plus de 50 personnes.
Les travailleur·euses paient généralement entre K 50 000 et K 80 000 [entre 30 et 48 euros] pour une chambre de 1 mètre carré. Nombre d'entre eux et elles ont fait pression sur leurs propriétaires pour qu'ils réduisent leurs loyers le mois dernier, mais sans succès. "Quelques propriétaires ont réduit les tarifs de K 10 000 ou K 20 000 [6 ou 12 euros], mais c’est très rare. La plupart d'entre eux ont dit que leurs revenus étaient déjà affectés par le fait que de nombreuses chambres étaient vacantes", a déclaré Nwet Yi Win. Le 25 mars, le propriétaire d'une auberge de jeunesse dans le quartier de Shan Kyaung a déclaré à Frontier que 21 des 24 chambres de son auberge, qui affichent normalement complet, étaient vacantes. "Ils et elles sont tous parti·es dans leur ville natale. Cela a vraiment nui à mon entreprise", a-t-il déclaré. "Je comprends que les travailleur·euses soient confronté·es à une crise financière. J'aimerais pouvoir réduire les loyers. Mais réfléchissez à ceci : pour le mois de mars, j'ai encaissé 80 000 K [48 euros] pour trois chambres. Le revenu mensuel de cette auberge est normalement de K 1,5 million [905 euros]."
Pourtant, pour beaucoup, le retour au pays est un palliatif, pas une solution à long terme. Peu ont les moyens de rester à Yangon car il n'y a toujours pas de travail pour eux ou elles dans leur pays. Nwet Yi Win pense que beaucoup d'entre eux et elles tenteront bientôt de quitter le pays pour chercher un travail subalterne à l'étranger, en labourant la terre ou en nettoyant des maisons. Elle a des ami·es qui utilisent leurs indemnités de licenciement pour payer des honoraires à des agents qui les aideront à trouver du travail en Thaïlande. Ces agents sont déjà de plus en plus nombreux à proposer aux ouvrier·es d'usine au chômage des offres d'emploi dans les secteurs de la construction, de la fabrication et de l'agriculture en Thaïlande, promettant 350 bahts thaïlandais par jour (9,50 euros ) plus les heures supplémentaires, dit-elle. Elle prévoit d'aller chercher après mle Thingyan à la mi-avril [Thingyan est la fête de l'eau du nouvel an birman. Ndt.].
Mais la route du travail en Thaïlande est souvent semée d'intermédiaires peu scrupuleux et d'agences de placement clandestines qui peuvent laisser les travailleur·euses migrant·es avec des dettes écrasantes. Les ami·es de Nwet Yi Win qui sont retourné·es dans le canton de Dawei, dans la région de Taninthary, avaient espéré trouver du travail dans la zone économique spéciale de Dawei, où les gouvernements du Myanmar et de la Thaïlande développaient conjointement un parc industriel et un port. Le projet avait déjà été retardé, mais quelques jours après le coup d'État, le gouvernement thaïlandais a annulé les réunions prévues à ce sujet, le vice-premier ministre Supattanapong Punmeechaow déclarant que son investissement "devra être interrompu pour le moment, et que les discussions reprendront dès qu'un nouveau gouvernement sera en place au Myanmar". Il s'agit de l'un des nombreux projets d'infrastructure transfrontaliers qui se sont évaporés ou ont été interrompus à la suite du coup d'État. "Certains travailleur·euses de Dawei [canton dans la région de Tanintharyi] sont déjà parti·es en Thaïlande", a déclaré Nwet Yi Win. "Travailler à l'étranger sera le seul choix pour beaucoup de ceux et celles ui ont perdu leur emploi dans les zones industrielles du Myanmar."
Le 24 mars, plus de 200 travailleurs de Tai Yi ont reçu des indemnités de licenciement en fonction leur ancienneté. Les sept années de Khine Aye lui ont valu un versement de K 800 000 (483 euros). Déjà en difficulté en raison du Covid-19, le secteur de l'habillement du Myanmar, autrefois en plein essor, a été décimé par les effets du coup d'État du 1er février, mettant en péril plus d'un demi-million d'emplois. Des grévistes des secteurs public et privé - dont de nombreux travailleur·euses du secteur de l'habillement - ont rejoint le mouvement de désobéissance civile, paralysant les ports, les banques et les secteurs logistiques du pays, ce qui rend difficile l'accès des usines aux matières premières ou l'expédition des produits finis.
Ces dernières semaines, la violence a directement touché les banlieues industrielles de Hlaing Tharyar, Shwepyithar et South Dagon, avec des dizaines de manifestant·es tué·es et plus d'une douzaine d'usines incendiées. De plus en plus d'acheteurs étrangers ont temporairement suspendu leurs commandes au Myanmar, et il n'est pas certain que ces activités reprennent. Khine Aye estime qu'elle ne sait pas ce que lui réserve l'avenir. Pour l'instant, elle n'a d'autre choix que de retourner dans sa ville natale, un village poussiéreux du canton d'Ayadaw, dans la région de Sagaing.
"Il y avait autrefois des emplois pour tisser [des textiles traditionnels] et rouler des cheroots [cigares] là-bas, mais plus personne ne tisse, et si je roule des cheroots pendant toute une journée, je ne peux gagner que K 2 000 [1,21 euro]", dit-elle, le regard perdu dans le lointain. "Je n'ai aucune idée de comment je vais survivre".
Khin Aye fait partie des centaines de milliers d'ouvrier·es d'usines au Myanmar dont, avant le coup d'État, la vie ne tenait qu'à un fil, celui de l'espoir que, le monde se remette de la pandémie de COVID-19, que le travail reprendrait et que la vie reprendrait un semblant de normalité. Elle s’estimait heureuse d'avoir pu conserver son emploi, alors qu'elle voyait des centaines de ses collègues être licencié·es.
Mais le coup d'État du 1er février a complètement anéanti ces espoirs.
"Je m'inquiétais toujours de savoir quand je serais licenciée. Maintenant, cela m'est vraiment arrivé", a-t-elle déclaré. "Nous [les travailleur·euses] sommes toujours les premier·es à souffrir quand il y a une crise dans le pays".
Grèves ouvrières
Les travailleur·euses de l'industrie, y compris ceux de l'industrie du vêtement à Hlaing Tharyar, ont été parmi les premiers à descendre dans la rue pour protester contre la junte. Le 6 février, des dizaines d'entre eux·elles ont quitté les usines textiles de la commune et se sont rendu·es en ville pour manifester. Ma Marlar, secrétaire générale de la Fédération des travailleurs de l'habillement du Myanmar, a déclaré que leur fureur face à la prise de pouvoir des militaires était exacerbée par le fait que les travailleur·euses avaient enduré les ravages économiques de la pandémie.
"Tout au long du COVID-19, les employeurs ont sabré les salaires et licencié les travailleur·euses. Les travailleur·euses ont dû faire face à d'énormes difficultés. Maintenant, alors que nous commençons à peine à entrevoir la fin du COVID-19, nous sommes à nouveau écrasé·es par les militaires", a-t-elle déclaré. "Nous savons qu'ils sont une menace pour nos moyens de subsistance, et même pour nos vies". Marlar, 37 ans, qui travaillait dans l'usine de vêtements Mian Yi, propriété de la Chine, à Hlaing Thayar, faisait partie des manifestant·es le premier jour.
Beaucoup de personnes à Hlaing Thayar, dont Marlar, sont convaincues, que la Chine a encouragé le coup d'État et soutient la junte. Mais elle pense aussi qu'en faisant du tort aux entreprises chinoises, cela pourrait forcer Pékin à faire pression sur la junte pour qu'elle se retire. "Il y a plus de 500 travailleurs à Mian Yi et plus de 300 ont rejoint la grève", a-t-elle déclaré. "Le propriétaire nous a permis de quitter nos postes de travail sans être payé·es mais nous a dit que nous devions revenir avant le 3 mai. Certain·es continuent à aller travailler, ce que nous comprenons, car ils et elles ont des difficultés financières." Elle a déclaré que les propriétaires ont essayé de s’accommoder les travailleur·euses, en leur permettant de travailler quand et si ils et elles le peuvent, et de recevoir un paiement à la fin du mois uniquement pour les jours travaillés. "Ils ont dit : 'Si les travailleur·euses veulent venir, venez, et sinon, ne venez pas'. À la fin du mois, ils calculeront les jours où un travailleur·euse est venu·e et paieront le montant dû", a déclaré Marlar à Frontier.
Ces travailleur·euses du secteur privé en grève espèrent bénéficier du soutien matériel que le MDP [mouvement de désobéissance civile] a recueilli. En ligne, des réseaux de financement clandestins ont vu le jour pour soutenir les fonctionnaires qui ont quitté leur emploi dans le but de paralyser la capacité de l'armée à gouverner. Nwet Yi Win et Marlar ont déclaré que les ouvrier·es d'usine en grève ont besoin d'un soutien similaire en espèces ou en nature s'ils et elles veulent que leur grève soit efficace. "Il n'y a pas encore de soutien extérieur [pour nous]. Non seulement des employé·es du gouvernement mais aussi des employé·s du privé ont rejoint le MDP parce qu'ils et elles ne veulent pas d'un dictateur militaire. Nous aimerions que les gens fassent des dons à ces employé·es, qui sont aussi activement impliqué·es dans le MDP", a déclaré Marlar.
Exode
La dévastation économique provoquée par le coup d'État et les grèves qui ont suivi était pleinement visible à Hlaing Tharyar à la fin du mois de février, lorsque les travailleur·euses migrant·es ont commencé à quitter la ville pour retourner dans leurs villages. Avec des horaires et des salaires réduits, elles et ils ne pouvaient pas se permettre de payer un loyer en attendant la réouverture des usines. Mais des centaines de milliers d'autres sont parties après le 14 mars, date à laquelle la junte a déclaré la loi martiale dans le canton à la suite d'une répression brutale au cours de laquelle elle aurait tué plus de 50 personnes.
Les travailleur·euses paient généralement entre K 50 000 et K 80 000 [entre 30 et 48 euros] pour une chambre de 1 mètre carré. Nombre d'entre eux et elles ont fait pression sur leurs propriétaires pour qu'ils réduisent leurs loyers le mois dernier, mais sans succès. "Quelques propriétaires ont réduit les tarifs de K 10 000 ou K 20 000 [6 ou 12 euros], mais c’est très rare. La plupart d'entre eux ont dit que leurs revenus étaient déjà affectés par le fait que de nombreuses chambres étaient vacantes", a déclaré Nwet Yi Win. Le 25 mars, le propriétaire d'une auberge de jeunesse dans le quartier de Shan Kyaung a déclaré à Frontier que 21 des 24 chambres de son auberge, qui affichent normalement complet, étaient vacantes. "Ils et elles sont tous parti·es dans leur ville natale. Cela a vraiment nui à mon entreprise", a-t-il déclaré. "Je comprends que les travailleur·euses soient confronté·es à une crise financière. J'aimerais pouvoir réduire les loyers. Mais réfléchissez à ceci : pour le mois de mars, j'ai encaissé 80 000 K [48 euros] pour trois chambres. Le revenu mensuel de cette auberge est normalement de K 1,5 million [905 euros]."
Pourtant, pour beaucoup, le retour au pays est un palliatif, pas une solution à long terme. Peu ont les moyens de rester à Yangon car il n'y a toujours pas de travail pour eux ou elles dans leur pays. Nwet Yi Win pense que beaucoup d'entre eux et elles tenteront bientôt de quitter le pays pour chercher un travail subalterne à l'étranger, en labourant la terre ou en nettoyant des maisons. Elle a des ami·es qui utilisent leurs indemnités de licenciement pour payer des honoraires à des agents qui les aideront à trouver du travail en Thaïlande. Ces agents sont déjà de plus en plus nombreux à proposer aux ouvrier·es d'usine au chômage des offres d'emploi dans les secteurs de la construction, de la fabrication et de l'agriculture en Thaïlande, promettant 350 bahts thaïlandais par jour (9,50 euros ) plus les heures supplémentaires, dit-elle. Elle prévoit d'aller chercher après mle Thingyan à la mi-avril [Thingyan est la fête de l'eau du nouvel an birman. Ndt.].
Mais la route du travail en Thaïlande est souvent semée d'intermédiaires peu scrupuleux et d'agences de placement clandestines qui peuvent laisser les travailleur·euses migrant·es avec des dettes écrasantes. Les ami·es de Nwet Yi Win qui sont retourné·es dans le canton de Dawei, dans la région de Taninthary, avaient espéré trouver du travail dans la zone économique spéciale de Dawei, où les gouvernements du Myanmar et de la Thaïlande développaient conjointement un parc industriel et un port. Le projet avait déjà été retardé, mais quelques jours après le coup d'État, le gouvernement thaïlandais a annulé les réunions prévues à ce sujet, le vice-premier ministre Supattanapong Punmeechaow déclarant que son investissement "devra être interrompu pour le moment, et que les discussions reprendront dès qu'un nouveau gouvernement sera en place au Myanmar". Il s'agit de l'un des nombreux projets d'infrastructure transfrontaliers qui se sont évaporés ou ont été interrompus à la suite du coup d'État. "Certains travailleur·euses de Dawei [canton dans la région de Tanintharyi] sont déjà parti·es en Thaïlande", a déclaré Nwet Yi Win. "Travailler à l'étranger sera le seul choix pour beaucoup de ceux et celles ui ont perdu leur emploi dans les zones industrielles du Myanmar."