Le président de la KCTU de Corée du Sud arrêté pour avoir organisé un rassemblement
Les organisations membres du Réseau syndical international de solidarité et de luttes exigent la libération de Yang Kyeung-soo !
Solidaires (CM)
Le gouvernement sud-coréen a arrêté le dirigeant de la plus grande organisation confédérale de syndicats indépendants du pays, une mesure qui va aggraver les tensions actuelles avec le mouvement syndical.
Le 2 septembre, Yang Kyeung-soo, président de la Confédération coréenne des syndicats, qui compte un million de membres, a été arrêté lors d'une descente de police à l'aube dans son bureau de Séoul, où il avait fui devant les menaces d'arrestation. Des centaines de policiers ont encerclé le bâtiment tandis que les agents ont forcé la porte. Un tribunal local avait émis un mandat d'arrêt à l'encontre de M. Yang après que des procureurs eurent allégué qu'il avait violé les lois de distanciation sociale de Covid en organisant un rassemblement dans le centre de Séoul.
La KCTU avait organisé un rassemblement dans le centre de Séoul le 3 juillet dernier, appelant le gouvernement à s'attaquer aux inégalités creusées par la pandémie de Covid-19. Le gouvernement n'a pas autorisé le rassemblement, invoquant des préoccupations liées à la propagation de la maladie. Environ 8 000 membres du syndicat se sont tout de même rassemblé·es, en suivant scrupuleusement les directives gouvernementales en matière de distanciation sociale. Après le rassemblement, seuls trois participants ont été testés positifs au Covid, sans que l'on puisse établir un lien entre leur infection et le rassemblement.
La réponse initiale de la Corée du Sud à la pandémie a été suffisamment efficace pour attirer l'attention internationale. Toutefois, ses mesures strictes de quarantaine et de recherche des contacts auraient été impossibles sans la coopération des habitants, qui ont volontiers sacrifié leurs moyens de subsistance et leur vie privée. Le gouvernement avait désormais un accès illimité aux mouvements de chaque individu, tout en restant avare de soutien financier aux habitants pour les aider à rester à flot pendant la pandémie. Après 18 mois de pandémie, les Coréen·nes s sont fatigué·es et frustré·es par un gouvernement qui peine à vacciner la population et à contrôler les nouveaux variants. Récemment, le pays a connu son taux de mortalité quotidien le plus élevé cette année.
C'est dans ce contexte que la KCTU a organisé son rassemblement, au cours duquel les syndicalistes ont demandé le gel des licenciements pendant la pandémie et des aides financières directes pour les travailleurs et les propriétaires de petites entreprises.
IndustrialAll et la CSI, deux fédérations syndicales internationales, ont condamné l'arrestation, la qualifiant de «mauvaise et disproportionnée».
L'arrestation de Yang est intervenue à la veille d'une menace de grève nationale des infirmières et autres travailleurs de la santé. La grève n'a été évitée que par un accord avec le gouvernement, quelques heures avant la descente de police au siège de la KCTU. Cependant, les travailleur·euses de plus de 10 hôpitaux du pays ont déclaré qu'ils et elles débrayeraient quand même à partir du 2 septembre. Au moment de l’écriture de cet article, environ cinq grèves sont en cours.
Les tensions sont restées vives entre les syndicats et le gouvernement de Moon Jae-in, l'ancien avocat des droits de l'homme qui a été élu président il y a quatre ans sur un programme pro-travail après que des mois de manifestations de masse, désormais connues sous le nom de «révolution des bougies», aient conduit à la destitution de son prédécesseur corrompu, Park Geun-hye.
Avec ses manifestations et de piquets de rue, la KCTU a joué un rôle central dans l'accession au pouvoir de Moon. En 2015, Han Sang-gyun, alors président de la KCTU, a été emprisonné pour avoir organisé des manifestations antigouvernementales qui ont jeté les bases de la révolution des bougies. Han a dû attendre trois ans, jusqu'en 2018, un an après l'entrée en fonction de Moon, pour être libéré sur parole.
En tant que candidat à la présidence, Moon avairt promis qu'il transformerait la Corée du Sud en une société respectueuse du travail. Cependant, environ deux ans après le début de sa présidence, en juillet 2019, le gouvernement a arrêté Kim Myeong-hwan, alors président de la KCTU, pour s'être battu avec la police anti-émeute à l'Assemblée nationale au sujet d'un projet de loi controversé. Le projet de loi aurait élevé les heures de travail à des niveaux dangereux ; le Sud-Coréen·ne moyen travaille déjà 2 014 heures par an, soit le plus longtemps dans l'OCDE. Kim a été libéré sous caution - une rareté en Corée du Sud, où les demandes de libération sous caution sont régulièrement rejetées. La décision finale du tribunal n'a pas encore été rendue.
Pour protester contre l'arrestation de Kim, la KCTU a renoncé à participer à une commission tripartite réunissant le gouvernement, les syndicats et le patronat. Mais le syndicat a réintégré la commission en avril 2020, alors que la pandémie s'intensifiait - Kim a contacté le gouvernement pour demander des « mesures d'urgence » afin de protéger les emplois. Trois mois plus tard, Kim a dû démissionner après avoir échoué à faire approuver par les représentants syndicaux un accord sans précédent, mais vaguement formulé, qui, selon les syndicats, qui introduisait «de manière proactive» la «flexibilité des heures de travail» dans entreprises, qui, en retour, feraient «le maximum d'efforts» dans le maintien de l'emploi.»
Yang, 45 ans, a été élu président de la KCTU lors d'une élection surprise en décembre 2020 en promettant d'appeler à une grève générale pour octobre 2021.
Yang était un étudiant militant dont l'engagement dans le monde du travail avait commencé au milieu des années 2000 en tant qu'ouvrier temporaire de la chaîne de montage dans une usine de Kia Motors. En 2012, il a été élu président d'un syndicat représentant les travailleurs temporaires de cette usine. Il est le premier président de la KCTU à avoir été un travailleur temporaire.
Au moins en partie, Kim représente une jeune génération du mouvement syndical sud-coréen. Stimulée par les effets de la Révolution des bougies, la KCTU a dépassé la marque symboliquement importante d'un million de membres en 2019 - supplantant sa rivale moins militante et pro- gouvernementale, la Fédération coréenne des syndicats, comme la plus grande fédération syndicale du pays.
Lors d'une conférence de presse après le raid, les responsables de la KCTU ont confirmé qu'ils appelleraient à une grève générale pour le 20 octobre. Après son arrestation, Yang a entamé une grève de la faim pour demander sa libération.
Le 2 septembre, Yang Kyeung-soo, président de la Confédération coréenne des syndicats, qui compte un million de membres, a été arrêté lors d'une descente de police à l'aube dans son bureau de Séoul, où il avait fui devant les menaces d'arrestation. Des centaines de policiers ont encerclé le bâtiment tandis que les agents ont forcé la porte. Un tribunal local avait émis un mandat d'arrêt à l'encontre de M. Yang après que des procureurs eurent allégué qu'il avait violé les lois de distanciation sociale de Covid en organisant un rassemblement dans le centre de Séoul.
Super-contamination et bouc émissaire
La KCTU avait organisé un rassemblement dans le centre de Séoul le 3 juillet dernier, appelant le gouvernement à s'attaquer aux inégalités creusées par la pandémie de Covid-19. Le gouvernement n'a pas autorisé le rassemblement, invoquant des préoccupations liées à la propagation de la maladie. Environ 8 000 membres du syndicat se sont tout de même rassemblé·es, en suivant scrupuleusement les directives gouvernementales en matière de distanciation sociale. Après le rassemblement, seuls trois participants ont été testés positifs au Covid, sans que l'on puisse établir un lien entre leur infection et le rassemblement.
La réponse initiale de la Corée du Sud à la pandémie a été suffisamment efficace pour attirer l'attention internationale. Toutefois, ses mesures strictes de quarantaine et de recherche des contacts auraient été impossibles sans la coopération des habitants, qui ont volontiers sacrifié leurs moyens de subsistance et leur vie privée. Le gouvernement avait désormais un accès illimité aux mouvements de chaque individu, tout en restant avare de soutien financier aux habitants pour les aider à rester à flot pendant la pandémie. Après 18 mois de pandémie, les Coréen·nes s sont fatigué·es et frustré·es par un gouvernement qui peine à vacciner la population et à contrôler les nouveaux variants. Récemment, le pays a connu son taux de mortalité quotidien le plus élevé cette année.
C'est dans ce contexte que la KCTU a organisé son rassemblement, au cours duquel les syndicalistes ont demandé le gel des licenciements pendant la pandémie et des aides financières directes pour les travailleurs et les propriétaires de petites entreprises.
Trahison et tensions
IndustrialAll et la CSI, deux fédérations syndicales internationales, ont condamné l'arrestation, la qualifiant de «mauvaise et disproportionnée».
L'arrestation de Yang est intervenue à la veille d'une menace de grève nationale des infirmières et autres travailleurs de la santé. La grève n'a été évitée que par un accord avec le gouvernement, quelques heures avant la descente de police au siège de la KCTU. Cependant, les travailleur·euses de plus de 10 hôpitaux du pays ont déclaré qu'ils et elles débrayeraient quand même à partir du 2 septembre. Au moment de l’écriture de cet article, environ cinq grèves sont en cours.
Les tensions sont restées vives entre les syndicats et le gouvernement de Moon Jae-in, l'ancien avocat des droits de l'homme qui a été élu président il y a quatre ans sur un programme pro-travail après que des mois de manifestations de masse, désormais connues sous le nom de «révolution des bougies», aient conduit à la destitution de son prédécesseur corrompu, Park Geun-hye.
Avec ses manifestations et de piquets de rue, la KCTU a joué un rôle central dans l'accession au pouvoir de Moon. En 2015, Han Sang-gyun, alors président de la KCTU, a été emprisonné pour avoir organisé des manifestations antigouvernementales qui ont jeté les bases de la révolution des bougies. Han a dû attendre trois ans, jusqu'en 2018, un an après l'entrée en fonction de Moon, pour être libéré sur parole.
En tant que candidat à la présidence, Moon avairt promis qu'il transformerait la Corée du Sud en une société respectueuse du travail. Cependant, environ deux ans après le début de sa présidence, en juillet 2019, le gouvernement a arrêté Kim Myeong-hwan, alors président de la KCTU, pour s'être battu avec la police anti-émeute à l'Assemblée nationale au sujet d'un projet de loi controversé. Le projet de loi aurait élevé les heures de travail à des niveaux dangereux ; le Sud-Coréen·ne moyen travaille déjà 2 014 heures par an, soit le plus longtemps dans l'OCDE. Kim a été libéré sous caution - une rareté en Corée du Sud, où les demandes de libération sous caution sont régulièrement rejetées. La décision finale du tribunal n'a pas encore été rendue.
Une nouvelle génération
Pour protester contre l'arrestation de Kim, la KCTU a renoncé à participer à une commission tripartite réunissant le gouvernement, les syndicats et le patronat. Mais le syndicat a réintégré la commission en avril 2020, alors que la pandémie s'intensifiait - Kim a contacté le gouvernement pour demander des « mesures d'urgence » afin de protéger les emplois. Trois mois plus tard, Kim a dû démissionner après avoir échoué à faire approuver par les représentants syndicaux un accord sans précédent, mais vaguement formulé, qui, selon les syndicats, qui introduisait «de manière proactive» la «flexibilité des heures de travail» dans entreprises, qui, en retour, feraient «le maximum d'efforts» dans le maintien de l'emploi.»
Yang, 45 ans, a été élu président de la KCTU lors d'une élection surprise en décembre 2020 en promettant d'appeler à une grève générale pour octobre 2021.
Yang était un étudiant militant dont l'engagement dans le monde du travail avait commencé au milieu des années 2000 en tant qu'ouvrier temporaire de la chaîne de montage dans une usine de Kia Motors. En 2012, il a été élu président d'un syndicat représentant les travailleurs temporaires de cette usine. Il est le premier président de la KCTU à avoir été un travailleur temporaire.
Au moins en partie, Kim représente une jeune génération du mouvement syndical sud-coréen. Stimulée par les effets de la Révolution des bougies, la KCTU a dépassé la marque symboliquement importante d'un million de membres en 2019 - supplantant sa rivale moins militante et pro- gouvernementale, la Fédération coréenne des syndicats, comme la plus grande fédération syndicale du pays.
Lors d'une conférence de presse après le raid, les responsables de la KCTU ont confirmé qu'ils appelleraient à une grève générale pour le 20 octobre. Après son arrestation, Yang a entamé une grève de la faim pour demander sa libération.