Myanmar : les travailleur·euses de l'industrie de l'habillement face aux campagnes de boycott
Solidaires (CM)
Alors que la répression militaire s'intensifie, certains syndicats et militant·es appellent à boycotter des marques dans le secteur de l'habillement au Myanmar, mais tout le monde ne pense pas que cette campagne atteindra la cible visée.
Le secteur de l'habillement au Myanmar a été l'une des récentes réussites économiques du pays, générant des milliards de dollars d'exportations par an et employant des centaines de milliers de travailleu·reuses, pour la plupart des femmes de moins de 35 ans.
Les 18 derniers mois ont toutefois été difficiles pour l'industrie, d'abord avec le Covid-19, puis avec le coup d'État, qui a entraîné des annulations de commandes et des pertes d'emplois. Même les travailleu·reuses qui ont réussi à conserver leur emploi ont vu leurs revenus chuter en raison de la réduction des heures de travail.
Kaylar Ko Ko gagnait 200 000 à 300 000 Kyat par mois dans une usine de vêtements du canton de Hlaing Tharyar, à Yangon. Mais six semaines après la prise du pouvoir par les militaires le 1er février, les propriétaires ont fermé l'usine en raison de l'instabilité politique, laissant Kaylar Ko Ko sans emploi. En mai, il a réussi à trouver un emploi dans une autre usine de confection, mais il n'a reçu qu'un contrat de deux mois, ce qui signifie qu'il peut se retrouver au chômage à court terme. Il gagne maintenant moins de 100 000 Kyat par mois, mais il se dit content d'avoir un travail.
«Je n'ai pas de plan de secours si l'usine cesse de prolonger mon contrat», a-t-il déclaré. «Même aujourd'hui, mon revenu mensuel actuel est tout juste suffisant pour moi. Je ne peux pas aider mes parents, qui ont la soixantaine, ou à ma sœur, qui souffre d'une maladie rénale.» Mais Kaylar Ko Ko et d'autres travailleu·reuses du secteur risquent de souffrir davantage. Fin août, des militants et des syndicats ont commencé à appeler à boycotter les marques - une campagne qui, selon ses partisans, est nécessaire pour destituer le régime militaire, mais qui, selon ses détracteurs, pourrait priver de nombreux autres travailleu·reuses du secteur de l'habillement de leur emploi ou de leur salaire, et n'aurait que peu d'impact sur les finances de la junte.
Depuis que le Myanmar a entamé sa transition vers la démocratie, peu de secteurs de l'économie du pays ont connu une croissance aussi rapide que celui de la confection de vêtements. En 2012, les exportations ne totalisaient que 912 millions de dollars américains, selon l'Organisation internationale du travail (OIT) ; sept ans plus tard, en 2019, elles représentaient 5,02 milliards de dollars. Sur la même période, la part des vêtements dans le total des exportations est passée d'à peine 9,5 % à plus de 28 %, selon les données de la Banque mondiale.
«L'expansion du secteur de la confection a constitué une source importante d'emplois et de moyens de subsistance, ce qui a conduit à une croissance de l'emploi dans ce secteur au cours des dernières années - du moins jusqu'au début de la pandémie de COVID-19», a déclaré Anne Boyd, porte-parole de l'OIT au Myanmar.
Mais les premiers vents contraires ont commencé à apparaître fin 2017, lorsque le Tatmadaw [l’armée] a lancé une brutale campagne de contre-insurrection qui a fait fuir plus de 700 000 Rohingyas vers le Bangladesh.
Plus de la moitié des exportations de vêtements du Myanmar aboutissent en Europe, en grande partie parce qu'en 2013, l'Union européenne a admis le Myanmar dans son programme «Tout sauf les armes», qui permet aux pays en développement d'exporter vers l’Europe en franchise de droits de douane. Rapidement, l'UE a été confrontée à des appels à l'annulation de ces préférences commerciales en raison des manquements du Myanmar en matière de droits de l'homme, et a réagi en lançant une révision de ces dispositions.
Après l'apparition de COVID-19 au début de 2020, les usines de confection ont été confrontées à des pénuries de matières premières en provenance de Chine en raison de la fermeture des fournisseurs et de difficultés logistiques.
Au second semestre, les marques européennes ont commencé à réduire leurs commandes en raison de la baisse de la demande des consommateurs dans les grandes villes européennes, dont la plupart étaient confinées. À la fin de 2020, plus de 100 des quelque 700 usines textiles du Myanmar ont été contraintes de fermer, de façon temporaire ou permanente.
Le coup d'État a porté un coup encore plus dur. La réponse violente du régime aux protestations pacifiques et au mouvement de désobéissance civile en pleine expansion a rapidement paralysé le secteur de l'habillement.
Le 14 mars, les forces de sécurité ont tué plus de 50 personnes dans le Hlaing Tharyar, qui abrite la plupart des usines de confection du pays. Lorsque des dizaines d'usines ont été incendiées, le régime a placé Hlaing Tharyar et plusieurs autres communes industrielles sous la loi martiale.
Entre-temps, des grèves massives ont paralysé le secteur bancaire et les opérations dans les ports de Yangon, rendant pratiquement impossible la réalisation de transferts internationaux ou l'envoi de produits finis hors du pays.
Les grandes marques étrangères ont rapidement suspendu leurs commandes au Myanmar, à commencer par le suédois H&M au début du mois de mars. Bien que les opérations aient repris dans certaines usines en mai et en juin, elles ont de nouveau été interrompues en juillet lorsqu'une troisième vague mortelle de Covid-19 est apparue.
Certains travailleu·reuses du secteur de l'habillement et d'autres usines ont reproché à leurs employeurs de ne pas les avoir correctement protégés contre le virus, mais ont déclaré que, le régime ayant pris les syndicats pour cible et ne s'intéressant guère à l'application des lois et des normes du travail, ils et elles ne pouvaient pas demander réparation.
Mais avec le déclin de la troisième vague de COVID-19, c'est la situation politique qui inquiète les travailleu·reuses.
«Mon travail a été affecté depuis le Covid, mais la situation politique actuelle n'a fait qu'empirer les choses», a déclaré Ma Thuzar, un ouvrier de la confection de Thingangyun à Yangon qui a demandé à être identifié par un pseudonyme.
Selon elle, les travailleu·reuses ont peur de se rendre au travail pour des raisons de sécurité, tandis que les prix des matières premières continuent d'augmenter en raison de la dépréciation du kyat, ce qui réduit les salaires des travailleu·reuses.
«Pendant le COVID, nous pouvions au moins travailler si nous suivions les directives sanitaires, mais le coup d'État a rendu les choses difficiles et instables», a-t-elle déclaré.
Ces perturbations ont fait chuter les exportations de vêtements de 20 % au cours des neuf premiers mois de l'année fiscale, pour atteindre 2,5 milliards de dollars, selon les chiffres du ministère du Commerce. La situation ne devrait pas s'améliorer, la Banque mondiale ayant prévu en juillet que l'économie du Myanmar se contracterait de 18 % au cours de l'exercice 2020-21, qui s'est achevé le 30 septembre, et la Banque asiatique de développement ayant publié des prévisions similaires le mois dernier. Ni l'une ni l'autre n'ont fait de prévisions pour 2021-22, la Banque asiatique affirmant que l'incertitude était trop grande.
Pour le secteur de l'habillement, et plus encore pour les travailleu·reuses, les dégâts sont déjà considérables. L'OIT estime que près de 350 000 travailleu·reuses ont perdu leur emploi au cours des 18 mois précédant la mi-2021, dont la grande majorité depuis le coup d'État.
L'Association des fabricants de vêtements du Myanmar propose une estimation plus prudente, affirmant que 157 000 travailleu·reuses de l'industrie de la confection, soit environ un sur quatre, ont perdu leur emploi depuis la pandémie. En réponse à l'épidémie Covid-19, l'UE a lancé un programme de soutien financier connu sous le nom de Myan Ku Fund afin de fournir une aide immédiate aux travailleu·reuses, et elle a étendu ce programme depuis le coup d'État. L'initiative Smart Myanmar, financée par l'UE et visant à promouvoir les normes du travail dans le secteur, a déclaré le 22 septembre que le programme avait permis de verser plus de 11 milliards de Kyat d'aide directe en espèces à plus de 140 000 travailleu·reuses.
Un investisseur d'Asie de l'Est qui exploite trois usines textiles à Yangon a déclaré à Frontier, sous couvert d'anonymat, qu'il avait été contraint de réduire de moitié ses effectifs, qui ne comptaient plus que 3 000 personnes.
«Le transport, qu'il soit terrestre ou maritime, est un énorme problème depuis l'année dernière. Avec l'annulation des vols et la fermeture des frontières, le coût et le temps de transport des matières premières et des produits ont considérablement augmenté», a-t-il déclaré.
«Le coup d'État est devenu le dernier coup dur pour nous, et nous avons délocalisé davantage de commandes pour qu'elles soient produites dans d'autres pays en raison des problèmes de transport et aussi parce que nos clients ne font pas confiance au Myanmar.»
Les travailleu·reuses de l'habillement et leurs syndicats étaient en première ligne des premières manifestations contre le coup d'État, début février, et ont joué un rôle essentiel dans le déclenchement des manifestations nationales qui ont rapidement embrasé le pays.
Au cours de ces premières semaines, leurs messages étaient simples : ils et elles exigeaient que les militaires ramènent le pays à un régime civil, tout en implorant les marques internationales de soutenir et de respecter leur droit de grève.
La répression brutale de l'armée signifie que les travailleu·reuses ne peuvent plus faire grève ou protester, et le ton des revendications - du moins dans certains milieux - a changé.
Certains syndicats et militants appellent désormais les investisseurs à quitter complètement le pays et les marques à cesser de s'approvisionner au Myanmar. L'Alliance du travail du Myanmar, qui comprend la Confédération des syndicats du Myanmar (CTUM) et la Fédération des travailleu·reuses industriels du Myanmar (IWFM), a récemment déclaré que les sanctions économiques globales et le boycott étaient nécessaires pour «briser l'armée» et encourager «tous ceux qui font des efforts pour renverser le régime».
«Nous demandons aux multinationales de s'abstenir de poursuivre leurs activités au Myanmar à partir d'aujourd'hui, y compris les marques de mode», ont-ils déclaré dans un communiqué.
Les marques remettent déjà en question leur association avec le Myanmar depuis des mois. En mai, des acheteurs européens, dont des marques internationales de premier plan comme H&M, Primark, Bestseller et Inditex, propriétaire de Zara, ont déclaré dans une déclaration publiée par le groupe «vêtements» d'EuroCham Myanmar qu'ils se trouvaient face à un «dilemme» quant à savoir s'ils devaient rester ou partir.
La dernière campagne a renforcé la pression exercée sur les entreprises pour qu'elles cessent de s'approvisionner au Myanmar, ce qui pourrait coûter des centaines de milliers d'emplois au secteur. Mais les syndicats à l'origine de cette initiative affirment que c'est le prix à payer pour soutenir le retour de la démocratie au Myanmar. Le 31 août, les grands syndicats internationaux IndustriALL Global Union et la Confédération syndicale internationale (CSI) ont annoncé leur soutien à la campagne.
«Nous avons besoin de sanctions économiques globales et que le monde refuse de reconnaître le régime militaire... [afin] de briser l'armée et d'encourager les travailleu·reuses du MDP, les organisations ethniques, les femmes, les jeunes et les syndicats, qui font tous pression pour renverser le régime», a déclaré Ma Khaing Zar, président de l'IWFM et membre du Comité exécutif central de la CTUM.
Moe Sandar Myint, président de la Fédération des travailleu·reuses de l'habillement du Myanmar, a déclaré lors du lancement d'une campagne virtuelle le 27 août que les investissements n'avaient apporté «aucun avantage positif» aux travailleu·reuses.
«Il est important que les investissements ne soient pas encouragés dans le pays. Nous disons non à l'investissement parce que l'investissement contribuera à aider le régime militaire», a-t-elle déclaré.
Tout en reconnaissant que des sanctions économiques étendues auraient un impact sévère sur les travailleu·reuses, elle a déclaré qu'il s'agissait d'une étape nécessaire pour garantir que le fédéralisme et la démocratie puissent s'épanouir.
M. Walton Pantland, porte-parole d'IndustriALL, a déclaré à Frontier par courriel que la campagne bénéficiait du soutien de «l'ensemble» du mouvement syndical au Myanmar.
«Des ouvriers ont été abattus dans les rues. Les propriétaires d'usines donnent les coordonnées des travailleu·reuses qui s'organisent aux militaires, qui les raflent. Les travailleu·reuses ont déjà été plongés dans la pauvreté par les propriétaires d'usines qui utilisent le coup d'État pour rompre les accords salariaux, licencier les travailleu·reuses et payer ce qu'ils veulent. Ce ne sont pas des conditions de «travail», mais celles de «l'esclavage»«, a déclaré M. Pantland.
«Les syndicats savent que mener une action a toujours un coût. Les syndicats agissent lorsqu'ils jugent que cela coûtera plus cher à leurs adversaires.»
Pantland a cité l'exemple du régime d'apartheid en Afrique du Sud, où les syndicats ont choisi de «bloquer l'économie par le biais d'actions coordonnées, de désobéissance civile et d'un appel à des sanctions économiques globales». Le résultat a été «tactiquement efficace» puisque «le régime a été isolé et contraint de négocier une transition vers la démocratie», a-t-il déclaré.
Mais d'autres se demandent si la campagne en vaut la peine, même si elle atteint ses objectifs. Les sanctions globales imposées au Myanmar après l'attaque du convoi de Daw Aung San Suu Kyi à Tabayin, dans la région de Sagaing, en 2003, ont mis des centaines de milliers de personnes au chômage, mais n'ont apparemment guère fait pression sur le régime.
«Le boycott de l'industrie de l'habillement au Myanmar causera beaucoup de douleur aux travailleu·reuses qui ont encore un emploi, mais une douleur négligeable au régime», a déclaré M. Richard Horsey, analyste politique indépendant et ancien représentant de l'OIT au Myanmar. Il a ajouté que la campagne de boycott était «très malheureuse et contre-productive» et qu'elle aurait «un impact disproportionné sur les jeunes femmes issues de familles pauvres».
Les travailleu·reuses ont également fait part à Frontier de leur inquiétude quant à l'impact sur leurs emplois. Kaylar Ko Ko a déclaré que si les conditions de travail s'étaient détériorées et qu'il existait désormais de nombreuses «usines oppressives qui ne pensent pas aux travailleu·reuses», il devait néanmoins parvenir à joindre les deux bouts.
«L'usine dans laquelle je travaille actuellement est très mauvaise pour les travailleu·reuses. Je le sais, mais je n'ai pas le choix car je ne peux pas trouver un nouvel emploi ailleurs... J'ai peur d'être sans emploi», a-t-il déclaré. «Je ne comprends pas très bien la politique, mais je veux retrouver ma vie d'avant, quand nous pouvons travailler pacifiquement et gagner beaucoup d'argent en faisant beaucoup d'heures supplémentaires.»
Ma Tin Tin Mar, 40 ans, travaille dans une usine textile dans le canton de Shwepyithar, au nord-ouest de Yangon. Seul soutien de famille, son emploi fait vivre trois filles et un père âgé, et elle dit ne pas pouvoir se permettre de le perdre.
«Je pense que les travailleu·reuses devraient même ne pas s'occupeerr [de l'appel aux sanctions générales et au boycott] parce que maintenant il est important de conserver nos emplois», a déclaré Tin Tin Mar, qui a demandé à être identifié par un pseudonyme. «Si nous perdons nos emplois actuels, nous savons que nous ne pourrons pas en trouver un nouveau facilement, et personne ne veut être au chômage... nous avons des bouches à nourrir.»
Un investisseur est-asiatique a déclaré vouloir poursuivre ses activités au Myanmar aussi longtemps que possible. Mais le «pire scénario» pour lui et les autres fabricants du secteur serait des sanctions générales ou le retrait des avantages commerciaux accorsés par l'UE et les États-Unis.
Même le gouvernement d'unité nationale, une administration parallèle mise en place par des législateurs qui ont remporté l'élection de 2020 mais n'ont pas eu la chance d'entrer en fonction en raison du coup d'État, craint de cibler le secteur de l'habillement.
Le ministre de l'investissement et des finances du NUG, U Tin Tun Naing, a déclaré à Frontier qu'il ne soutenait pas les appels au désinvestissement ou aux sanctions globales. Il a déclaré que des sanctions globales «pourraient ne rien apporter de plus que de confortables signaux de vertu» et a appelé à des mesures ciblées contre le régime. Fin août, le NUG a demandé à l'UE de ne pas suspendre l'accès du Myanmar aux marchés européens par le biais du programme TSA, ont déclaré à Frontier des sources au sein de l'UE et du NUG.
«Nous ne pensons pas qu'il y aura un effet tangible au détriment des militaires, mais que cela détruira l'industrie du vêtement au Myanmar», a déclaré Tin Tun Naing. «Cela affectera à son tour les moyens de subsistance de centaines de milliers de travailleu·reuses, dont beaucoup de femmes et d'autres travailleu·reuses vulnérables.»
«Au lieu de sanctions générales [...], nous avons réitéré notre appel en faveur de sanctions ciblées qui toucheront l'armée et ses mécanismes de contrôle et d'oppression», a-t-il déclaré. «Nous avons demandé que des sanctions soient imposées à Myanma Oil and Gas Enterprise (MOGE), qui est le bénéficiaire local des revenus du pétrole et du gaz et qui a fourni aux militaires un flux de revenus régulier et fiable.»
Le principal diplomate de l'UE au Myanmar a déclaré que le statut commercial préférentiel accordé par l'UE avait entraîné une création d'emplois «remarquable».
«Franchement, la question de savoir s'il faut lever la disposition relative au traitement commercial préférentiel n'est pas simplement une question commerciale, mais dans une large mesure une question de développement», a déclaré l'ambassadeur de l'UE au Myanmar, M. Ranieri Sabatucci. «Je ne connais pas beaucoup de programmes dans le monde qui ont créé 100 000 emplois par an pour les femmes avec autant de succès que celui-ci.
«La question est de savoir dans quelle mesure sanctionnersape l'effort de développement, et dans quelle mesure nous voulons que cela se produise.»
Il a ajouté que les marques elles-mêmes semblent avoir décidé de soutenir les travailleu·reuses du Myanmar en continuant à s'approvisionner dans le pays. Alors que beaucoup semblaient envisager de partir il y a un mois ou deux, elles ont depuis reconnu que «le chemin le plus court [quitter le pays] n'est pas le meilleur».
Daw Aye Mi Shein, directeur général de la MGMA, a appelé à davantage de dialogue entre les marques et les syndicats du secteur de l'habillement sur la question des sanctions générales.
«Pour moi, je ne veux pas que les travailleu·reuses subissent des épreuves à cause de ces sanctions, donc je veux voir des discussions et des négociations sur cette question», a-t-il déclaré, appelant le monde à reconnaître le rôle important que joue l'industrie de l'habillement dans la création d'emplois et la sécurité de l'emploi.
«L'aide de la communauté internationale est cruciale pour le développement de ce secteur», a ajouté Aye Mi Shein. «Leur aide, leur capacité à se rassembler pour résoudre et entamer un dialogue est importante et cela dépend d'eux.»
Le secteur de l'habillement au Myanmar a été l'une des récentes réussites économiques du pays, générant des milliards de dollars d'exportations par an et employant des centaines de milliers de travailleu·reuses, pour la plupart des femmes de moins de 35 ans.
Les 18 derniers mois ont toutefois été difficiles pour l'industrie, d'abord avec le Covid-19, puis avec le coup d'État, qui a entraîné des annulations de commandes et des pertes d'emplois. Même les travailleu·reuses qui ont réussi à conserver leur emploi ont vu leurs revenus chuter en raison de la réduction des heures de travail.
Kaylar Ko Ko gagnait 200 000 à 300 000 Kyat par mois dans une usine de vêtements du canton de Hlaing Tharyar, à Yangon. Mais six semaines après la prise du pouvoir par les militaires le 1er février, les propriétaires ont fermé l'usine en raison de l'instabilité politique, laissant Kaylar Ko Ko sans emploi. En mai, il a réussi à trouver un emploi dans une autre usine de confection, mais il n'a reçu qu'un contrat de deux mois, ce qui signifie qu'il peut se retrouver au chômage à court terme. Il gagne maintenant moins de 100 000 Kyat par mois, mais il se dit content d'avoir un travail.
«Je n'ai pas de plan de secours si l'usine cesse de prolonger mon contrat», a-t-il déclaré. «Même aujourd'hui, mon revenu mensuel actuel est tout juste suffisant pour moi. Je ne peux pas aider mes parents, qui ont la soixantaine, ou à ma sœur, qui souffre d'une maladie rénale.» Mais Kaylar Ko Ko et d'autres travailleu·reuses du secteur risquent de souffrir davantage. Fin août, des militants et des syndicats ont commencé à appeler à boycotter les marques - une campagne qui, selon ses partisans, est nécessaire pour destituer le régime militaire, mais qui, selon ses détracteurs, pourrait priver de nombreux autres travailleu·reuses du secteur de l'habillement de leur emploi ou de leur salaire, et n'aurait que peu d'impact sur les finances de la junte.
Coup après coup
Depuis que le Myanmar a entamé sa transition vers la démocratie, peu de secteurs de l'économie du pays ont connu une croissance aussi rapide que celui de la confection de vêtements. En 2012, les exportations ne totalisaient que 912 millions de dollars américains, selon l'Organisation internationale du travail (OIT) ; sept ans plus tard, en 2019, elles représentaient 5,02 milliards de dollars. Sur la même période, la part des vêtements dans le total des exportations est passée d'à peine 9,5 % à plus de 28 %, selon les données de la Banque mondiale.
«L'expansion du secteur de la confection a constitué une source importante d'emplois et de moyens de subsistance, ce qui a conduit à une croissance de l'emploi dans ce secteur au cours des dernières années - du moins jusqu'au début de la pandémie de COVID-19», a déclaré Anne Boyd, porte-parole de l'OIT au Myanmar.
Mais les premiers vents contraires ont commencé à apparaître fin 2017, lorsque le Tatmadaw [l’armée] a lancé une brutale campagne de contre-insurrection qui a fait fuir plus de 700 000 Rohingyas vers le Bangladesh.
Plus de la moitié des exportations de vêtements du Myanmar aboutissent en Europe, en grande partie parce qu'en 2013, l'Union européenne a admis le Myanmar dans son programme «Tout sauf les armes», qui permet aux pays en développement d'exporter vers l’Europe en franchise de droits de douane. Rapidement, l'UE a été confrontée à des appels à l'annulation de ces préférences commerciales en raison des manquements du Myanmar en matière de droits de l'homme, et a réagi en lançant une révision de ces dispositions.
Après l'apparition de COVID-19 au début de 2020, les usines de confection ont été confrontées à des pénuries de matières premières en provenance de Chine en raison de la fermeture des fournisseurs et de difficultés logistiques.
Au second semestre, les marques européennes ont commencé à réduire leurs commandes en raison de la baisse de la demande des consommateurs dans les grandes villes européennes, dont la plupart étaient confinées. À la fin de 2020, plus de 100 des quelque 700 usines textiles du Myanmar ont été contraintes de fermer, de façon temporaire ou permanente.
Le coup d'État a porté un coup encore plus dur. La réponse violente du régime aux protestations pacifiques et au mouvement de désobéissance civile en pleine expansion a rapidement paralysé le secteur de l'habillement.
Le 14 mars, les forces de sécurité ont tué plus de 50 personnes dans le Hlaing Tharyar, qui abrite la plupart des usines de confection du pays. Lorsque des dizaines d'usines ont été incendiées, le régime a placé Hlaing Tharyar et plusieurs autres communes industrielles sous la loi martiale.
Entre-temps, des grèves massives ont paralysé le secteur bancaire et les opérations dans les ports de Yangon, rendant pratiquement impossible la réalisation de transferts internationaux ou l'envoi de produits finis hors du pays.
Les grandes marques étrangères ont rapidement suspendu leurs commandes au Myanmar, à commencer par le suédois H&M au début du mois de mars. Bien que les opérations aient repris dans certaines usines en mai et en juin, elles ont de nouveau été interrompues en juillet lorsqu'une troisième vague mortelle de Covid-19 est apparue.
Certains travailleu·reuses du secteur de l'habillement et d'autres usines ont reproché à leurs employeurs de ne pas les avoir correctement protégés contre le virus, mais ont déclaré que, le régime ayant pris les syndicats pour cible et ne s'intéressant guère à l'application des lois et des normes du travail, ils et elles ne pouvaient pas demander réparation.
Mais avec le déclin de la troisième vague de COVID-19, c'est la situation politique qui inquiète les travailleu·reuses.
«Mon travail a été affecté depuis le Covid, mais la situation politique actuelle n'a fait qu'empirer les choses», a déclaré Ma Thuzar, un ouvrier de la confection de Thingangyun à Yangon qui a demandé à être identifié par un pseudonyme.
Selon elle, les travailleu·reuses ont peur de se rendre au travail pour des raisons de sécurité, tandis que les prix des matières premières continuent d'augmenter en raison de la dépréciation du kyat, ce qui réduit les salaires des travailleu·reuses.
«Pendant le COVID, nous pouvions au moins travailler si nous suivions les directives sanitaires, mais le coup d'État a rendu les choses difficiles et instables», a-t-elle déclaré.
Ces perturbations ont fait chuter les exportations de vêtements de 20 % au cours des neuf premiers mois de l'année fiscale, pour atteindre 2,5 milliards de dollars, selon les chiffres du ministère du Commerce. La situation ne devrait pas s'améliorer, la Banque mondiale ayant prévu en juillet que l'économie du Myanmar se contracterait de 18 % au cours de l'exercice 2020-21, qui s'est achevé le 30 septembre, et la Banque asiatique de développement ayant publié des prévisions similaires le mois dernier. Ni l'une ni l'autre n'ont fait de prévisions pour 2021-22, la Banque asiatique affirmant que l'incertitude était trop grande.
Pour le secteur de l'habillement, et plus encore pour les travailleu·reuses, les dégâts sont déjà considérables. L'OIT estime que près de 350 000 travailleu·reuses ont perdu leur emploi au cours des 18 mois précédant la mi-2021, dont la grande majorité depuis le coup d'État.
L'Association des fabricants de vêtements du Myanmar propose une estimation plus prudente, affirmant que 157 000 travailleu·reuses de l'industrie de la confection, soit environ un sur quatre, ont perdu leur emploi depuis la pandémie. En réponse à l'épidémie Covid-19, l'UE a lancé un programme de soutien financier connu sous le nom de Myan Ku Fund afin de fournir une aide immédiate aux travailleu·reuses, et elle a étendu ce programme depuis le coup d'État. L'initiative Smart Myanmar, financée par l'UE et visant à promouvoir les normes du travail dans le secteur, a déclaré le 22 septembre que le programme avait permis de verser plus de 11 milliards de Kyat d'aide directe en espèces à plus de 140 000 travailleu·reuses.
Un investisseur d'Asie de l'Est qui exploite trois usines textiles à Yangon a déclaré à Frontier, sous couvert d'anonymat, qu'il avait été contraint de réduire de moitié ses effectifs, qui ne comptaient plus que 3 000 personnes.
«Le transport, qu'il soit terrestre ou maritime, est un énorme problème depuis l'année dernière. Avec l'annulation des vols et la fermeture des frontières, le coût et le temps de transport des matières premières et des produits ont considérablement augmenté», a-t-il déclaré.
«Le coup d'État est devenu le dernier coup dur pour nous, et nous avons délocalisé davantage de commandes pour qu'elles soient produites dans d'autres pays en raison des problèmes de transport et aussi parce que nos clients ne font pas confiance au Myanmar.»
Boycotter pour gagner ?
Les travailleu·reuses de l'habillement et leurs syndicats étaient en première ligne des premières manifestations contre le coup d'État, début février, et ont joué un rôle essentiel dans le déclenchement des manifestations nationales qui ont rapidement embrasé le pays.
Au cours de ces premières semaines, leurs messages étaient simples : ils et elles exigeaient que les militaires ramènent le pays à un régime civil, tout en implorant les marques internationales de soutenir et de respecter leur droit de grève.
La répression brutale de l'armée signifie que les travailleu·reuses ne peuvent plus faire grève ou protester, et le ton des revendications - du moins dans certains milieux - a changé.
Certains syndicats et militants appellent désormais les investisseurs à quitter complètement le pays et les marques à cesser de s'approvisionner au Myanmar. L'Alliance du travail du Myanmar, qui comprend la Confédération des syndicats du Myanmar (CTUM) et la Fédération des travailleu·reuses industriels du Myanmar (IWFM), a récemment déclaré que les sanctions économiques globales et le boycott étaient nécessaires pour «briser l'armée» et encourager «tous ceux qui font des efforts pour renverser le régime».
«Nous demandons aux multinationales de s'abstenir de poursuivre leurs activités au Myanmar à partir d'aujourd'hui, y compris les marques de mode», ont-ils déclaré dans un communiqué.
Les marques remettent déjà en question leur association avec le Myanmar depuis des mois. En mai, des acheteurs européens, dont des marques internationales de premier plan comme H&M, Primark, Bestseller et Inditex, propriétaire de Zara, ont déclaré dans une déclaration publiée par le groupe «vêtements» d'EuroCham Myanmar qu'ils se trouvaient face à un «dilemme» quant à savoir s'ils devaient rester ou partir.
La dernière campagne a renforcé la pression exercée sur les entreprises pour qu'elles cessent de s'approvisionner au Myanmar, ce qui pourrait coûter des centaines de milliers d'emplois au secteur. Mais les syndicats à l'origine de cette initiative affirment que c'est le prix à payer pour soutenir le retour de la démocratie au Myanmar. Le 31 août, les grands syndicats internationaux IndustriALL Global Union et la Confédération syndicale internationale (CSI) ont annoncé leur soutien à la campagne.
«Nous avons besoin de sanctions économiques globales et que le monde refuse de reconnaître le régime militaire... [afin] de briser l'armée et d'encourager les travailleu·reuses du MDP, les organisations ethniques, les femmes, les jeunes et les syndicats, qui font tous pression pour renverser le régime», a déclaré Ma Khaing Zar, président de l'IWFM et membre du Comité exécutif central de la CTUM.
Moe Sandar Myint, président de la Fédération des travailleu·reuses de l'habillement du Myanmar, a déclaré lors du lancement d'une campagne virtuelle le 27 août que les investissements n'avaient apporté «aucun avantage positif» aux travailleu·reuses.
«Il est important que les investissements ne soient pas encouragés dans le pays. Nous disons non à l'investissement parce que l'investissement contribuera à aider le régime militaire», a-t-elle déclaré.
Tout en reconnaissant que des sanctions économiques étendues auraient un impact sévère sur les travailleu·reuses, elle a déclaré qu'il s'agissait d'une étape nécessaire pour garantir que le fédéralisme et la démocratie puissent s'épanouir.
M. Walton Pantland, porte-parole d'IndustriALL, a déclaré à Frontier par courriel que la campagne bénéficiait du soutien de «l'ensemble» du mouvement syndical au Myanmar.
«Des ouvriers ont été abattus dans les rues. Les propriétaires d'usines donnent les coordonnées des travailleu·reuses qui s'organisent aux militaires, qui les raflent. Les travailleu·reuses ont déjà été plongés dans la pauvreté par les propriétaires d'usines qui utilisent le coup d'État pour rompre les accords salariaux, licencier les travailleu·reuses et payer ce qu'ils veulent. Ce ne sont pas des conditions de «travail», mais celles de «l'esclavage»«, a déclaré M. Pantland.
«Les syndicats savent que mener une action a toujours un coût. Les syndicats agissent lorsqu'ils jugent que cela coûtera plus cher à leurs adversaires.»
Pantland a cité l'exemple du régime d'apartheid en Afrique du Sud, où les syndicats ont choisi de «bloquer l'économie par le biais d'actions coordonnées, de désobéissance civile et d'un appel à des sanctions économiques globales». Le résultat a été «tactiquement efficace» puisque «le régime a été isolé et contraint de négocier une transition vers la démocratie», a-t-il déclaré.
Nous avons des bouches à nourrir
Mais d'autres se demandent si la campagne en vaut la peine, même si elle atteint ses objectifs. Les sanctions globales imposées au Myanmar après l'attaque du convoi de Daw Aung San Suu Kyi à Tabayin, dans la région de Sagaing, en 2003, ont mis des centaines de milliers de personnes au chômage, mais n'ont apparemment guère fait pression sur le régime.
«Le boycott de l'industrie de l'habillement au Myanmar causera beaucoup de douleur aux travailleu·reuses qui ont encore un emploi, mais une douleur négligeable au régime», a déclaré M. Richard Horsey, analyste politique indépendant et ancien représentant de l'OIT au Myanmar. Il a ajouté que la campagne de boycott était «très malheureuse et contre-productive» et qu'elle aurait «un impact disproportionné sur les jeunes femmes issues de familles pauvres».
Les travailleu·reuses ont également fait part à Frontier de leur inquiétude quant à l'impact sur leurs emplois. Kaylar Ko Ko a déclaré que si les conditions de travail s'étaient détériorées et qu'il existait désormais de nombreuses «usines oppressives qui ne pensent pas aux travailleu·reuses», il devait néanmoins parvenir à joindre les deux bouts.
«L'usine dans laquelle je travaille actuellement est très mauvaise pour les travailleu·reuses. Je le sais, mais je n'ai pas le choix car je ne peux pas trouver un nouvel emploi ailleurs... J'ai peur d'être sans emploi», a-t-il déclaré. «Je ne comprends pas très bien la politique, mais je veux retrouver ma vie d'avant, quand nous pouvons travailler pacifiquement et gagner beaucoup d'argent en faisant beaucoup d'heures supplémentaires.»
Ma Tin Tin Mar, 40 ans, travaille dans une usine textile dans le canton de Shwepyithar, au nord-ouest de Yangon. Seul soutien de famille, son emploi fait vivre trois filles et un père âgé, et elle dit ne pas pouvoir se permettre de le perdre.
«Je pense que les travailleu·reuses devraient même ne pas s'occupeerr [de l'appel aux sanctions générales et au boycott] parce que maintenant il est important de conserver nos emplois», a déclaré Tin Tin Mar, qui a demandé à être identifié par un pseudonyme. «Si nous perdons nos emplois actuels, nous savons que nous ne pourrons pas en trouver un nouveau facilement, et personne ne veut être au chômage... nous avons des bouches à nourrir.»
Un investisseur est-asiatique a déclaré vouloir poursuivre ses activités au Myanmar aussi longtemps que possible. Mais le «pire scénario» pour lui et les autres fabricants du secteur serait des sanctions générales ou le retrait des avantages commerciaux accorsés par l'UE et les États-Unis.
Même le gouvernement d'unité nationale, une administration parallèle mise en place par des législateurs qui ont remporté l'élection de 2020 mais n'ont pas eu la chance d'entrer en fonction en raison du coup d'État, craint de cibler le secteur de l'habillement.
Le ministre de l'investissement et des finances du NUG, U Tin Tun Naing, a déclaré à Frontier qu'il ne soutenait pas les appels au désinvestissement ou aux sanctions globales. Il a déclaré que des sanctions globales «pourraient ne rien apporter de plus que de confortables signaux de vertu» et a appelé à des mesures ciblées contre le régime. Fin août, le NUG a demandé à l'UE de ne pas suspendre l'accès du Myanmar aux marchés européens par le biais du programme TSA, ont déclaré à Frontier des sources au sein de l'UE et du NUG.
«Nous ne pensons pas qu'il y aura un effet tangible au détriment des militaires, mais que cela détruira l'industrie du vêtement au Myanmar», a déclaré Tin Tun Naing. «Cela affectera à son tour les moyens de subsistance de centaines de milliers de travailleu·reuses, dont beaucoup de femmes et d'autres travailleu·reuses vulnérables.»
«Au lieu de sanctions générales [...], nous avons réitéré notre appel en faveur de sanctions ciblées qui toucheront l'armée et ses mécanismes de contrôle et d'oppression», a-t-il déclaré. «Nous avons demandé que des sanctions soient imposées à Myanma Oil and Gas Enterprise (MOGE), qui est le bénéficiaire local des revenus du pétrole et du gaz et qui a fourni aux militaires un flux de revenus régulier et fiable.»
Le principal diplomate de l'UE au Myanmar a déclaré que le statut commercial préférentiel accordé par l'UE avait entraîné une création d'emplois «remarquable».
«Franchement, la question de savoir s'il faut lever la disposition relative au traitement commercial préférentiel n'est pas simplement une question commerciale, mais dans une large mesure une question de développement», a déclaré l'ambassadeur de l'UE au Myanmar, M. Ranieri Sabatucci. «Je ne connais pas beaucoup de programmes dans le monde qui ont créé 100 000 emplois par an pour les femmes avec autant de succès que celui-ci.
«La question est de savoir dans quelle mesure sanctionnersape l'effort de développement, et dans quelle mesure nous voulons que cela se produise.»
Il a ajouté que les marques elles-mêmes semblent avoir décidé de soutenir les travailleu·reuses du Myanmar en continuant à s'approvisionner dans le pays. Alors que beaucoup semblaient envisager de partir il y a un mois ou deux, elles ont depuis reconnu que «le chemin le plus court [quitter le pays] n'est pas le meilleur».
Daw Aye Mi Shein, directeur général de la MGMA, a appelé à davantage de dialogue entre les marques et les syndicats du secteur de l'habillement sur la question des sanctions générales.
«Pour moi, je ne veux pas que les travailleu·reuses subissent des épreuves à cause de ces sanctions, donc je veux voir des discussions et des négociations sur cette question», a-t-il déclaré, appelant le monde à reconnaître le rôle important que joue l'industrie de l'habillement dans la création d'emplois et la sécurité de l'emploi.
«L'aide de la communauté internationale est cruciale pour le développement de ce secteur», a ajouté Aye Mi Shein. «Leur aide, leur capacité à se rassembler pour résoudre et entamer un dialogue est importante et cela dépend d'eux.»