Etats-Unis : les travailleur·euses des hôpitaux Kaiser viennent de remporter une importante victoire
Solidaires (CM)
Kaiser [39 hôpitaux, 80 000 médecins et infirmières] a conclu samedi un accord de principe avec les syndicats des travailleur·euses leur offrant ainsi une grande victoire et évitant ce qui aurait été une grève historique de deux jours.
Plus de 30 000 employé·es avaient promis de faire grève lundi si la société ne parvenait pas à un accord avec les syndicats. Comme l'a écrit mon collègue Noah Lanard le mois dernier, les travailleur·euses de la santé qui menaçaient de faire grève étaient particulièrement mécontent·es de la structure salariale à deux niveaux que Kaiser proposait.
Le principal problème des travailleur·euses avec la proposition salariale était qu'elle réduisait le salaire des nouveaux employé·es de 26 à 39 % à partir de 2023. Ils et elles estimaient que cela aggravait la crise du personnel dans les établissements de Kaiser et mettait les patient·es en danger en rendant l'organisme incapable de recruter et de conserver des travailleur·euses talentueux·euses. On craignait également qu'elle n'engendre du ressentiment chez ceux et celles qui sont payé·es moins pour le même travail, ou qu'elle n'amène Kaiser à remplacer les travailleur·euses les plus coûteux·euses couvert·es par l'ancienne convention collective par de nouvelles embauches. L'initiative de Kaiser en faveur d'une rémunération à deux niveaux ressemble aux propositions faites par Kellogg et John Deere qui ont conduit à des grèves [toujours en cours] cet automne.
Essentiellement, les travailleur·euses craignaient que Kaiser ne tente de créer un système de castes dans leurs rangs, en payant des travailleur·euses qui font le même travail, même côte à côte, avec des salaires et des avantages différents. Ce genre de mesures peut diviser les travailleur·euses en différents groupes de « nanti·es » et de démuni·es, et rend plus difficile leur syndicalisation.
En fin de compte, Kaiser a abandonné son projet de système de rémunération à deux niveaux.
Le géant de la santé avait défendu les coupes proposées comme étant nécessaires pour rester compétitif, mais les chiffres racontent une autre histoire. En 2019, Kaiser a offert à son PDG sortant Bernard Tyson un salaire et une retraite de 35 millions de dollars. Pendant la pandémie, elle a gagné 10 milliards de dollars. Et elle a gagné cet argent alors que ses travailleur·euses étaient broyé·es par les conditions éreintantes de travail pendant la pandémie.
Dans son article d'octobre, Noah a décrit en détail les situations intenses que certain·es de ces travailleur·euses ont dû endurer alors que les résultats de leur entreprise étaient florissants. Prenez le cas de Hollie Sili, une technicienne des urgences :
Aujourd'hui, Sili travaille habituellement 12 heures par jour, de midi à minuit. Mais en raison du manque de personnel, elle finit souvent par rester jusqu'à 4 heures du matin avant de reprendre son poste huit heures plus tard. L'année dernière, elle a eu une attaque cérébrale, qu'elle attribue au stress physique et mental qu'elle a subi au travail.
Ou Daniel Stretch, un ingénieur hospitalier :
Stretch, l'ingénieur de l'hôpital, estime que sa charge de travail et son niveau de stress ont doublé pendant la pandémie, alors que son salaire est resté le même. Lui et une vingtaine d'autres ingénieurs sont chargés de faire fonctionner les climatiseurs, les humidificateurs, les machines de stérilisation, les équipements de cuisine, les téléviseurs, les boutons d'appel des infirmières et bien d'autres choses encore dans leur établissement de Californie du Sud. En période de pandémie, ils ont dû pousser les systèmes de circulation d'air au-delà de leurs limites normales pour protéger les patients du COVID-19.
Ou Katie Johnson, infirmière en perfusion oncologique dans une clinique Kaiser à Longview :
Mme Johnson, infirmière en perfusion oncologique dans une clinique Kaiser à Longview, dans l'État de Washington, ne voit pas comment les nouvelles recrues pourraient rembourser les dettes de leur école d'infirmières et maintenir un niveau de vie décent après une réduction de 39 % des salaires de départ. Même aux taux plus élevés d'aujourd'hui, elle a fini par déménager à Longview après avoir été évincée du marché immobilier à 80 km au sud, à Hillsboro, dans l'Oregon. Elle explique que Kaiser a toujours fonctionné avec un modèle de dotation en personnel réduit, mais que les choses n'ont fait qu'empirer lorsque les collègues ont quitté le terrain pendant la pandémie. "Si nous ne pouvons pas attirer le talent maintenant, demande-t-elle, comment allons-nous attirer le talent à un taux de salaire plus faible ?"
Si la grève avait eu lieu, elle aurait été l'une des plus importantes de l'histoire du système de santé aux États-Unis, et elle serait survenue dans la foulée d'une recrudescence de l'activisme syndical que les observateurs ont baptisée Striketober [les grèves d’octobre].
Plus de 30 000 employé·es avaient promis de faire grève lundi si la société ne parvenait pas à un accord avec les syndicats. Comme l'a écrit mon collègue Noah Lanard le mois dernier, les travailleur·euses de la santé qui menaçaient de faire grève étaient particulièrement mécontent·es de la structure salariale à deux niveaux que Kaiser proposait.
Le principal problème des travailleur·euses avec la proposition salariale était qu'elle réduisait le salaire des nouveaux employé·es de 26 à 39 % à partir de 2023. Ils et elles estimaient que cela aggravait la crise du personnel dans les établissements de Kaiser et mettait les patient·es en danger en rendant l'organisme incapable de recruter et de conserver des travailleur·euses talentueux·euses. On craignait également qu'elle n'engendre du ressentiment chez ceux et celles qui sont payé·es moins pour le même travail, ou qu'elle n'amène Kaiser à remplacer les travailleur·euses les plus coûteux·euses couvert·es par l'ancienne convention collective par de nouvelles embauches. L'initiative de Kaiser en faveur d'une rémunération à deux niveaux ressemble aux propositions faites par Kellogg et John Deere qui ont conduit à des grèves [toujours en cours] cet automne.
Essentiellement, les travailleur·euses craignaient que Kaiser ne tente de créer un système de castes dans leurs rangs, en payant des travailleur·euses qui font le même travail, même côte à côte, avec des salaires et des avantages différents. Ce genre de mesures peut diviser les travailleur·euses en différents groupes de « nanti·es » et de démuni·es, et rend plus difficile leur syndicalisation.
En fin de compte, Kaiser a abandonné son projet de système de rémunération à deux niveaux.
Le géant de la santé avait défendu les coupes proposées comme étant nécessaires pour rester compétitif, mais les chiffres racontent une autre histoire. En 2019, Kaiser a offert à son PDG sortant Bernard Tyson un salaire et une retraite de 35 millions de dollars. Pendant la pandémie, elle a gagné 10 milliards de dollars. Et elle a gagné cet argent alors que ses travailleur·euses étaient broyé·es par les conditions éreintantes de travail pendant la pandémie.
Dans son article d'octobre, Noah a décrit en détail les situations intenses que certain·es de ces travailleur·euses ont dû endurer alors que les résultats de leur entreprise étaient florissants. Prenez le cas de Hollie Sili, une technicienne des urgences :
Aujourd'hui, Sili travaille habituellement 12 heures par jour, de midi à minuit. Mais en raison du manque de personnel, elle finit souvent par rester jusqu'à 4 heures du matin avant de reprendre son poste huit heures plus tard. L'année dernière, elle a eu une attaque cérébrale, qu'elle attribue au stress physique et mental qu'elle a subi au travail.
Ou Daniel Stretch, un ingénieur hospitalier :
Stretch, l'ingénieur de l'hôpital, estime que sa charge de travail et son niveau de stress ont doublé pendant la pandémie, alors que son salaire est resté le même. Lui et une vingtaine d'autres ingénieurs sont chargés de faire fonctionner les climatiseurs, les humidificateurs, les machines de stérilisation, les équipements de cuisine, les téléviseurs, les boutons d'appel des infirmières et bien d'autres choses encore dans leur établissement de Californie du Sud. En période de pandémie, ils ont dû pousser les systèmes de circulation d'air au-delà de leurs limites normales pour protéger les patients du COVID-19.
Ou Katie Johnson, infirmière en perfusion oncologique dans une clinique Kaiser à Longview :
Mme Johnson, infirmière en perfusion oncologique dans une clinique Kaiser à Longview, dans l'État de Washington, ne voit pas comment les nouvelles recrues pourraient rembourser les dettes de leur école d'infirmières et maintenir un niveau de vie décent après une réduction de 39 % des salaires de départ. Même aux taux plus élevés d'aujourd'hui, elle a fini par déménager à Longview après avoir été évincée du marché immobilier à 80 km au sud, à Hillsboro, dans l'Oregon. Elle explique que Kaiser a toujours fonctionné avec un modèle de dotation en personnel réduit, mais que les choses n'ont fait qu'empirer lorsque les collègues ont quitté le terrain pendant la pandémie. "Si nous ne pouvons pas attirer le talent maintenant, demande-t-elle, comment allons-nous attirer le talent à un taux de salaire plus faible ?"
Si la grève avait eu lieu, elle aurait été l'une des plus importantes de l'histoire du système de santé aux États-Unis, et elle serait survenue dans la foulée d'une recrudescence de l'activisme syndical que les observateurs ont baptisée Striketober [les grèves d’octobre].