Chine : le premier cas de Covid-19 à Xi'an met en évidence le manque de protection des travailleur·euses de première ligne
Solidaires (CM)
Après avoir confirmé un cas positif de Covid-19 dans la ville de Xi'an [capitale de la province du Shaanxi, dans le centre de la Chine] le 9 décembre 2021, le gouvernement de la ville a imposé un confinement le 22 décembre. Cette mesure, qui a pris fin le 24 janvier 2022, a révélé à quel point les villes sont dépendantes des travailleur·euses de première ligne à faible revenu et à quel point la protection du travail est fragile.
La stratégie de prévention des épidémies en Chine repose en grande partie sur les hôtels de quarantaine pour empêcher la propagation du Covid-19 au sein de la population. Les travailleur·euses de première ligne de ces établissements sont non seulement confronté·es à des risques élevés d'infection, mais aussi à de faibles salaires et à une sécurité financière limitée.
Le compte-rendu mis en ligne du cas positif du 9 décembre révèle que les travailleur·euses sont insuffisamment préparé·es à cette situation et qu'ils et elles sont également très vulnérables sur le plan économique.
Xiang est un infirmier récemment diplômé qui n'a reçu que deux jours de formation avant d'être envoyé travailler à l'hôtel Jincheng, un hôtel de quarantaine désigné à Xi'an. Il était chargé de désinfecter les chambres, de livrer les repas et de ramasser les ordures. Il a travaillé dans deux équipes simultanément, l'entreprise contractante souhaitant réduire les coûts. Le contractant a caché à l'hôtel qu'il avait embauché des étudiant·es ou des travailleur·euses peu expérimenté·es.
Xiang recevait un salaire de 150 yuans [21 euros] par jour, dont 30 yuans [4 euros] étaient conservés par l'entrepreneur. Le 4 décembre, il a transporté des bagages pour des client·es qui venaient de s'enregistrer. Après avoir accompli cette tâche, Xiang a découvert que son vêtement de protection présentait deux trous au niveau des bras, de la largeur de deux doigts environ. Bien que le règlement stipule qu'il aurait dû changer de vêtements immédiatement, son responsable ne l'a pas obligé à le faire et n'a pas demandé qu'il soit mis en quarantaine.
Après que Xiang a été testé positif et hospitalisé, d'autres collègues de l'hôtel Jincheng ont également contracté le Covid-19, dont le colocataire de Xiang, prénommé Zhang. Mais le responsable de Xiang ne s'est pas enquis de l'état de santé de Xiang, alors qu'il avait été infecté dans le cadre de son travail.
Lorsque Xiang a demandé que ses factures d'hôpital et de nourriture soient prises en charge, la réponse de la direction a fait défaut, et il a comparé la façon de faire de son entreprise à un « ‘coup de pied dans un ballon de football ». Ses demandes concernant son salaire sont restées sans réponse.
Pendant son séjour à l'hôpital, il a dû faire face à des attaques et aussi au refus de son manager d'assumer toute responsabilité financière pour sa maladie. Dans des captures d'écran WeChat publiées en ligne, son manager, nommé Su, a blâmé Xiang, affirmant que son travail était «de mauvaise qualité».
Le directeur a également défendu son attitude tout en allant manger une fondue chinoise - alors que les travailleur·euses de première ligne étaient confiné·es dans les locaux de l'hôtel - en demandant : «Comment ça va pour vous ?»
Un autre responsable a proposé de prêter 3 000 yuans [ 421 euros] à Xiang, mais il s'attendait à ce que l'argent lui soit rendu après sa guérison.
Dans son récit, Xiang écrit : «Pourquoi ne suis-je pas payé pendant mon séjour à l'hôpital ? Pourquoi prennent-ils l'argent des travailleur·euses de première ligne épuisé·es ?{{»}}
Le cas de Xiang est loin d'être le seul cas de mauvais traitement subi par les travailleur·euses de première ligne à Xi'an. Quatre nettoyeurs ont été licenciés pour avoir pris de la nourriture au propriétaire d'un appartement, alors qu'ils étaient motivés par une faim pure et simple. Les travailleur·euses migrant·es piégé·es à Xi'an ont constaté qu'on leur distribuait des aliments bien pires que ceux reçus par les résidents locaux. Les travailleur·euses temporaires n'ont pas été en mesure d’accéder aux cuisines, s’alimentant des nouilles instantanées, de sorte qu’ils et elles étaient privé·es de la distribution de légumes par le gouvernement à chaque résident·e.
Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, les gouvernements à tous les niveaux devraient valoriser et protéger les travailleur·euses de première ligne et tirer les leçons des erreurs passées.
L'épidémie de l'aéroport de Nanjing à l'été 2021, par exemple, était également due à des pratiques inappropriées de travailleur·euses sanitaires externalisé·es et surchargé·es de travail. Nous avons également enquêté sur le rôle des syndicats dans le confinement de Wuhan au début de 2020. Nos enquêtes révèlent que les protections de base en matière de sécurité des travailleur·euses ont fait défaut alors qu'elles devraient être la priorité absolue, et que les travailleur·euses avaient besoin de défenseurs efficaces au sein du syndicat. Cela est essentiel non seulement pour ces travailleur·euses, mais aussi pour la protection du grand public et dans la lutte contre la propagation du Covid-19 et de ses variants ultérieurs.
Les travailleur·euses contractuel·les, en particulier, ont peu de recours ou de soutien institutionnel. Ils et elles sont parmi les moins bien payé·es pour leur travail, sans lequel les villes ne pourraient pas fonctionner. Elles et ils sont également victimes de discrimination et d'insécurité économique. Le confinement de Xi'an révèle à quel point le mépris flagrant pour les protections au travail met en danger les travailleur·euses et la population en général.
La stratégie de prévention des épidémies en Chine repose en grande partie sur les hôtels de quarantaine pour empêcher la propagation du Covid-19 au sein de la population. Les travailleur·euses de première ligne de ces établissements sont non seulement confronté·es à des risques élevés d'infection, mais aussi à de faibles salaires et à une sécurité financière limitée.
Le compte-rendu mis en ligne du cas positif du 9 décembre révèle que les travailleur·euses sont insuffisamment préparé·es à cette situation et qu'ils et elles sont également très vulnérables sur le plan économique.
Xiang est un infirmier récemment diplômé qui n'a reçu que deux jours de formation avant d'être envoyé travailler à l'hôtel Jincheng, un hôtel de quarantaine désigné à Xi'an. Il était chargé de désinfecter les chambres, de livrer les repas et de ramasser les ordures. Il a travaillé dans deux équipes simultanément, l'entreprise contractante souhaitant réduire les coûts. Le contractant a caché à l'hôtel qu'il avait embauché des étudiant·es ou des travailleur·euses peu expérimenté·es.
Xiang recevait un salaire de 150 yuans [21 euros] par jour, dont 30 yuans [4 euros] étaient conservés par l'entrepreneur. Le 4 décembre, il a transporté des bagages pour des client·es qui venaient de s'enregistrer. Après avoir accompli cette tâche, Xiang a découvert que son vêtement de protection présentait deux trous au niveau des bras, de la largeur de deux doigts environ. Bien que le règlement stipule qu'il aurait dû changer de vêtements immédiatement, son responsable ne l'a pas obligé à le faire et n'a pas demandé qu'il soit mis en quarantaine.
Après que Xiang a été testé positif et hospitalisé, d'autres collègues de l'hôtel Jincheng ont également contracté le Covid-19, dont le colocataire de Xiang, prénommé Zhang. Mais le responsable de Xiang ne s'est pas enquis de l'état de santé de Xiang, alors qu'il avait été infecté dans le cadre de son travail.
Lorsque Xiang a demandé que ses factures d'hôpital et de nourriture soient prises en charge, la réponse de la direction a fait défaut, et il a comparé la façon de faire de son entreprise à un « ‘coup de pied dans un ballon de football ». Ses demandes concernant son salaire sont restées sans réponse.
Pendant son séjour à l'hôpital, il a dû faire face à des attaques et aussi au refus de son manager d'assumer toute responsabilité financière pour sa maladie. Dans des captures d'écran WeChat publiées en ligne, son manager, nommé Su, a blâmé Xiang, affirmant que son travail était «de mauvaise qualité».
Le directeur a également défendu son attitude tout en allant manger une fondue chinoise - alors que les travailleur·euses de première ligne étaient confiné·es dans les locaux de l'hôtel - en demandant : «Comment ça va pour vous ?»
Un autre responsable a proposé de prêter 3 000 yuans [ 421 euros] à Xiang, mais il s'attendait à ce que l'argent lui soit rendu après sa guérison.
Dans son récit, Xiang écrit : «Pourquoi ne suis-je pas payé pendant mon séjour à l'hôpital ? Pourquoi prennent-ils l'argent des travailleur·euses de première ligne épuisé·es ?{{»}}
Le cas de Xiang est loin d'être le seul cas de mauvais traitement subi par les travailleur·euses de première ligne à Xi'an. Quatre nettoyeurs ont été licenciés pour avoir pris de la nourriture au propriétaire d'un appartement, alors qu'ils étaient motivés par une faim pure et simple. Les travailleur·euses migrant·es piégé·es à Xi'an ont constaté qu'on leur distribuait des aliments bien pires que ceux reçus par les résidents locaux. Les travailleur·euses temporaires n'ont pas été en mesure d’accéder aux cuisines, s’alimentant des nouilles instantanées, de sorte qu’ils et elles étaient privé·es de la distribution de légumes par le gouvernement à chaque résident·e.
Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, les gouvernements à tous les niveaux devraient valoriser et protéger les travailleur·euses de première ligne et tirer les leçons des erreurs passées.
L'épidémie de l'aéroport de Nanjing à l'été 2021, par exemple, était également due à des pratiques inappropriées de travailleur·euses sanitaires externalisé·es et surchargé·es de travail. Nous avons également enquêté sur le rôle des syndicats dans le confinement de Wuhan au début de 2020. Nos enquêtes révèlent que les protections de base en matière de sécurité des travailleur·euses ont fait défaut alors qu'elles devraient être la priorité absolue, et que les travailleur·euses avaient besoin de défenseurs efficaces au sein du syndicat. Cela est essentiel non seulement pour ces travailleur·euses, mais aussi pour la protection du grand public et dans la lutte contre la propagation du Covid-19 et de ses variants ultérieurs.
Les travailleur·euses contractuel·les, en particulier, ont peu de recours ou de soutien institutionnel. Ils et elles sont parmi les moins bien payé·es pour leur travail, sans lequel les villes ne pourraient pas fonctionner. Elles et ils sont également victimes de discrimination et d'insécurité économique. Le confinement de Xi'an révèle à quel point le mépris flagrant pour les protections au travail met en danger les travailleur·euses et la population en général.