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Cambodge : des grévistes arrêté·es en vertu des lois sur le Covid-19

Cambodge : des grévistes arrêté·es en vertu des lois sur le Covid-19

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Solidaires (CM)

Dans un exemple flagrant de l'injustice contre laquelle les travailleur·euses du casino NagaWorld se battent, les autorités ont arrêté au moins six membres du syndicat en grève en vertu des lois sur le Covid-19 le samedi 5 février. En revanche, aucune mesure n'a été prise contre la direction de NagaWorld pour avoir dissimulé deux épidémies de Covid-19 causées par des client·es du casino (dont on sait qu'ils et elles ont été testé·es positif·ves) en février de l'année dernière. En fait, le licenciement massif de dirigeants et de membres du syndicat - qui est à l'origine de la grève actuelle - s'est produit peu de temps après que le syndicat ait demandé à l'entreprise de faire davantage pour protéger la santé des travailleur·euses et garantir la sécurité du Covid-19.

Le vendredi 4 février, le ministère de la Santé a publié une lettre déclarant qu'une travailleuse enceinte qui s'est rendue à un contrôle a été testée positive au Covid-19. Sans l'en informer directement, la lettre a été rendue publique, révélant ainsi son identité. Elle a immédiatement répondu sur les médias sociaux qu'en raison de sa grossesse, elle ne s'était pas rendue au piquet de grève au cours des dix derniers jours. Ignorant cela, le ministère de la Santé a appelé tous les travailleur·euses du piquet de grève à se soumettre à des tests de Covid-19 dans les trois jours.

Le syndicat, LRSU, a accepté de se conformer à l'instruction du ministère de la Santé et a fait en sorte que les travailleur·euses en grève se rendent aux tests Covid-19 en petits groupes pour leur propre sécurité. Malgré cet effort du syndicat, les autorités locales ont procédé à l'arrestation des membres du syndicat en grève le samedi 5 février, soit 24 heures seulement après que le ministère de la Santé ait annoncé que les travailleur·euses avaient trois jours pour se faire tester. Pour instiller la peur et perturber la grève, les autorités ont arrêté six membres du syndicat en grève en vertu du règlement anti-Covid-19. Dans le but de créer le désordre et de provoquer une confrontation avec la police, le piquet de grève a été encerclé à 21h50 le samedi pour empêcher les travailleur·euses de partir et l'éclairage public a été éteint. Les membres du syndicat ont maintenu leur manifestation pacifique et ont refusé d'être provoqués.
Les partisans du syndicat et les défenseurs des droits de l'homme ont condamné les actions du gouvernement comme étant hypocrites. En novembre 2021, le gouvernement cambodgien a déclaré une réouverture totale en raison du taux de vaccination réussi (98,5 %) et le pays a également été ouvert aux visiteurs entièrement vaccinés, sans qu'aucune quarantaine ne soit requise. Au cours des trois derniers mois, le ministère de la Santé n'a publié aucune déclaration appelant à la recherche et au dépistage des cas contacts. Les déclarations publiques faites à l'encontre des travailleur·euses en grève de NagaWorld sont clairement motivées par des considérations politiques.

Les mesures prises à l'encontre des syndicalistes en grève contrastent fortement avec la réponse du gouvernement aux épidémies de Covid-19 survenues à NagaWorld en février de l'année dernière. L'une des épidémies était liée à des client·es testé·es positif·ves mais autorisé·es à entrer dans le complexe du casino Naga 2 le 25 février 2021. Pendant que la police faisait sortir les client·es testé·es positif·ves, les travailleur·euses étaient enfermé·es dans le casino et forcé·es de continuer à travailler. Les autorités n'ont pris aucune mesure contre l'entreprise et d'autres épidémies se sont déclarées.

Le 1er mars 2021, le syndicat LRSU a écrit à la direction pour demander de toute urgence que le casino soit fermé pour être nettoyé et que ses membres subissent des tests. Le syndicat a formulé cinq demandes :
1. La direction doit immédiatement appliquer des protocoles et des mesures de sécurité complets, conformément aux directives de l'OMS, afin de limiter la propagation communautaire du Covid-19 dans le complexe hôtel-casino [Naga 1 et Naga 2] et d'assurer la sécurité de tout le personnel.
2. Tous les travailleur·euses de NagaWorld doivent rester chez eux-elles sans subir aucune punition et recevoir leur salaire complet jusqu'à ce que le site soit déclaré sûr.
3. Tous les locaux des deux bâtiments doivent être nettoyés en profondeur et désinfectés par un groupe de spécialistes.
4. Cessez de faire pression sur les travailleur·euses sous toutes les formes et tous les travailleur·euses doivent subir un test de covid-19 et confirmer qu'il ou elle est négatif·ve avant de retourner sur le lieu de travail.
5. Cesser de retenir l'information et avoir une plus grande transparence dans la lutte contre la propagation communautaire du Covid-19.

La direction a refusé et les autorités sanitaires n'ont rien fait, laissant la crise s'aggraver au point que le complexe intégré hôtel-casino a été contraint de fermer temporairement. L'étape suivante a consisté à licencier en masse les dirigeant·es et les membres du syndicat qui avaient soulevé des problèmes de santé et de sécurité.
Ce n'est qu'aujourd'hui, après 50 jours d'une grève qui met NagaWorld et le gouvernement dans l'embarras, que les tests et les mesures de sécurité du Covid-19, réclamés par le syndicat en mars de l'année dernière, sont utilisés politiquement pour perturber et dissoudre la grève.

Le Naga World Hotel Casino a ignoré les appels du syndicat en faveur de mesures de sécurité plus strictes pour le Covid-19. Des centaines de travailleur·euses en paient maintenant le prix.


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Voir également précédemment publié [Les autorités cambodgiennes arrêtent des employé·es de casino en grève contre une société cotée à Hong Kong->https://www.laboursolidarity.org/Les-autorites-cambodgiennes]


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