Les travailleurs de Tesla à Buffalo se syndiquent, avec l'aide des syndicalistes de Starbucks
Aussitôt connue la démarche des travailleurs et travailleuses, la directin de Tesla a procédé à des licenciements
Sharon Zhang
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Actualisation, 18 février : Aussitôt connue la démarche des travailleurs et travailleuses, la directin de Tesla a procédé à des licenciements pour tenter d'empêcher l'implantation syndicale. Le compte Twitter de leur nouveau syndicat a été interdit, selon une accusation déposée vendredi auprés de la Commission nationale du travail.
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Les travailleurs de Tesla à Buffalo, dans l'État de New York, cherchent à former le premier syndicat de l'entreprise, ont annoncé les travailleurs mardi, avec l'aide des militants du syndicat de Starbucks qui a connu un succès prodigieux au cours des deux dernières années. «Nous voulons que Tesla soit l'entreprise dont nous savons qu'elle peut être. Notre syndicat fera avancer nos principes et nos objectifs chez Tesla, notamment en contribuant à servir de conscience de [la nécessité] de s’organiser et en garantissant et en approfondissant notre confiance et le respect», a écrit le syndicat dans une déclaration exhortant l'entreprise à s'engager à ne pas interférer avec l'effort syndical.
Les travailleurs se syndiquent auprès de Workers United, affilié à la Service Employees International Union (SEIU). Ils ont envoyé mardi un courriel à [Elon] Musk annonçant leur intention de se syndiquer et prévoient de distribuer mardi au travail des cartes de Saint-Valentin sur lesquelles on peut lire «Les roses sont rouges / les violettes sont bleues / former un syndicat commence par vous», avec un lien vers un site Web où les travailleurs peuvent signer des cartes d’adhésion syndicales, selon Bloomberg. Les travailleurs de la «Gigafactory» de Buffalo, qui saisissent des données pour le programme de conduite autonome de Tesla, affirment qu'ils sont soumis à des contraintes de temps au travail et qu'ils sont surveillés par l'entreprise, qui suit leur productivité par le biais des frappes au clavier. Les travailleurs disent que ces pressions conduisent les employés à sauter les pauses toilettes. «Les gens en ont assez d'être traités comme des robots», a déclaré à Bloomberg Al Celli, membre du comité d'organisation du syndicat.
«Nous sommes tellement poussés à faire les choses que je ne sais pas si c'est vraiment bien pensé» a poursuivi M. Celli. «C'est juste, 'Sortons ça aussi vite que possible'.»
Selon le syndicat, plus de 800 travailleurs analysent les données du pilote automatique, avec un salaire de départ d'environ 19 dollars de l'heure, soit un peu moins de 40 000 dollars par an pour une semaine de travail de 40 heures, ce qui, selon les travailleurs, est peu pour le travail fourni. L'entreprise a licencié des centaines de ces travailleurs l'année dernière.
Les travailleurs recherchent une meilleure stabilité d'emploi, des salaires plus élevés et moins de pressions de productivité de la part de l'entreprise, qui appartient au milliardaire conservateur Elon Musk. Ils cherchent à syndiquer environ les 1 000 travailleurs de la fabrication à la Gigafactory et ont reçu des conseils de responsables de la campagne de syndicalisation chez Starbucks comme Jaz Brisack, qui, selon les autorités, a été illégalement licencié par Starbucks pour son engagement syndical l'année dernière.
«Je crois en Tesla, en notre mission et au travail que je fais dans l'entreprise», a déclaré Zahra Lahrache, employée de Tesla, dans un communiqué. «Autant j'aime mon travail, autant il peut être très décourageant de vivre seulement pour un tel salaire alors que je travaille pour l'une des entreprises les plus prospères du monde.» «Ils ont promis de grandes incitations [financières], mais ont donné peu, trop tard, et dans certains cas, pas du tout», a ajouté Tzivyiah Abosch, un travailleur de Tesla.
Les travailleurs ont déjà essayé de syndiquer chez Tesla, mais ont été confrontés à une résistance féroce de la part de l'opposant véhément aux syndicats, Elon Musk. En 2017, les travailleurs ont rendu publique une campagne visant à syndiquer l'usine de l'entreprise à Fremont, en Californie, avec United Auto Workers (UAW) - mais après que l'entreprise a illégalement licencié un militant syndical, comme l'ont constaté les autorités, la syndicalisation a échoué. Musk a également enfreint de manière flagrante le droit du travail. En 2021, le National Labor Relations Board (NLRB) a déterminé qu'un tweet de 2018 de Musk décourageant les travailleurs de se syndiquer était illégal et lui a ordonné de le supprimer. Mais le tweet reste affiché deux ans après cette décision. D'autres rapports d'employés sur des environnements toxiques de travail encouragés par Musk ont alarmé les défenseurs du travail. Le milliardaire d'extrême droite, qui est désormais propriétaire de Twitter, semble prêt à licencier sur un simple coup de tête les employés qui ne flattent pas son ego; son premier geste à l'égard de Twitter a été de licencier des employés en masse. Les autorités ont récemment menacé l'entreprise de reclasser son bureau principal de San Francisco si elle veut conserver les lits dont elle dispose dans le bâtiment pour que les travailleurs puissent y dormir et atteindre leurs quotas de travail.
Dans le même temps, l'usine californienne de Tesla a été poursuivie par l'État en raison d'allégations de racisme rampant dans l'usine, où les travailleurs disent être séparés par race et où les travailleurs noirs sont confrontés à des insultes raciales tout au long de la journée de travail.
Publié par Truthout
Traduction Patrick Le Tréhondat