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Adresse au gouvernement de la République d'Équateur et à l'opinion publique nationale et internationale

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Les organisations du Réseau syndical international de solidarité et de lutte soutiennent cette adresse au gouvernement de la République d'Équateur et à l'opinion publique nationale et internationale

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Solidaires (CM)

Nous, soussigné-es, universitaires, intellectuel-les, militant-es, artistes, citoyennes et citoyens, condamnons fermement la répression du gouvernement dont souffre actuellement la population équatorienne, qui a exercé son droit légitime à la résistance dans différentes villes du pays contre la mise en œuvre des mesures économiques prescrites par le Fonds Monétaire International. Comme le montre l'histoire récente, non seulement en Équateur mais dans plusieurs pays d'Amérique latine, la mise en œuvre de mesures d'austérité n'a pas seulement défavorisé les secteurs les plus vulnérables, elle a aussi contribué à l'aggravation de leur situation. En découle un approfondissement des écarts sociaux, des inégalités, la pauvreté et la violence. Face à cela, les peuples du continent ont pu résister par la lutte sociale et il y a des leçons historiques claires qui doivent être assumées par les gouvernements, sous peine de voir leur légitimité démocratique altérée.

Par rapport à cela, nous disons ce qui suit :

Nous rappelons au gouvernement équatorien que le droit à la résistance est un principe garanti par l'article 98 de la Constitution, qui établit le type de démocratie plurielle et participative requis dans un État multinational et interculturel. Ainsi, l'article est clair en notant que ce droit est exercé contre « les actions ou omissions de l'autorité publique ou des personnes physiques ou morales non étatiques qui violent ou peuvent violer leurs droits constitutionnels, et d'exiger la reconnaissance de nouveaux droits », donc les grèves et les blocages pour exiger des droits légitimes, doivent être entendus par le gouvernement central.

Nous rejetons l'état d'urgence décrété par le gouvernement, au motif qu'il est disproportionné et viole les droits fondamentaux de l'homme, établis à l'ONU et dans le Système Interaméricain des Droits de l'Homme, tels que la liberté d'association, de mouvement et de réunion. Ce soulèvement est légitime, selon les règles constitutionnelles elles-mêmes et l'état d'urgence restreint le dialogue et impose une répression disproportionnée qui aggrave la violence. Il ne s'agit pas d'un « choc interne grave », mais d'une protestation demandant l'abrogation d'un train de mesures d'austérité mises en œuvre par le gouvernement. La pratique de l'état d'urgence par les derniers gouvernements équatoriens a servi à dissimuler les intentions répressives du gouvernement face à la protestation sociale et au silence d'une grande partie de la population. Cette pratique gouvernementale doit être bannie au nom de la démocratie et des droits fondamentaux dans nos pays.

En conséquence, au nom des principes universels des droits de l'homme, nous demandons au gouvernement du Président Lenin Moreno de cesser immédiatement la répression appliquée dans le contexte de la déclaration inconstitutionnelle de l'état d'urgence, la libération immédiate de toutes et tous les détenus et la suspension de la mise en œuvre de ces mesures, afin, dans un environnement favorable, d'ouvrir un espace de dialogue avec tous les secteurs sociaux concernés.
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