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US Postal : la qualité de l’air, un  enjeu syndical

US Postal : la qualité de l’air, un enjeu syndical

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Solidaires (CM)

Le 7 août, Denver (Colorado), envahi par la fumée des gigantesques incendies de Californie, est arrivé en tête du classement des grandes villes les plus polluées du monde.

Ce jour-là, l'indice de la qualité de l'air (IQA) a atteint 179, dans la zone rouge du système d'évaluation de l'Agence de protection de l'environnement. La concentration de particules fines était 11 fois supérieure au niveau d'exposition maximal recommandé par l'Organisation mondiale de la santé pour les polluants. La fumée des feux de forêt, mais aussi les polluants venant de la consommation courante, comme les résidus de shampoing, les particules de crème solaire et les émissions des voitures, se sont combinés pour former un mélange toxique d'irritants qui a rendu de nombreux habitants de la ville malades, avec des maux de tête ou une insuffisance respiration.

La distribution du courrier dans ces conditions était insupportable et risque certainement d'avoir des conséquences à long terme sur la santé respiratoire des travailleur·euses. Pourtant, la direction de la poste n’a fait aucune mention de la qualité de l'air lors des discussions sur la sécurité tout au long de la semaine. Et lorsque j'ai cherché la base d'un grief ou d'une autre action, il n'y avait pratiquement aucune information à proprement parler, que ce soit du côté du syndicat national ou de la direction.

La direction de la poste dispose d'une politique environnementale qui ne mentionne que la qualité de l'air intérieur comme faisant partie de ses attributions. Il s'agit d'une omission majeure pour des centaines de milliers de facteur·trices qui travaillent à l'extérieur toute la journée, mais cela fait partie d'un modèle de longue date de négligence des conditions climatiques de base de la part de la direction. Il a fallu des décennies pour que la direction de la poste fournisse régulièrement des bouteilles d'eau aux facteurs, et ce n'est que depuis les années 2010 que la direction a été citée par l'OSHA pour des violations de la sécurité liées à la chaleur à l’intérieur des locaux.
 

Les postier·es doivent contrôler

 


Les postier·es doivent faire comprendre que la politique environnementale est une question sur laquelle les syndicats doivent montrer la voie. Il faut s'attendre à ce que la direction tarde à assumer la responsabilité de la qualité de l'air et des risques sanitaires qui y sont liés et le syndicat ne peut pas remettre à plus tard la lutte pour des normes de base en matière de qualité de l'air.

Malheureusement, la page Web de la National Association of Letter Carriers sur les conditions météorologiques extrêmes ne comprend pas encore d’information sur les procédures relatives à la qualité de l'air, mais uniquement sur la chaleur, le froid et les orages extrêmes.

La compilation des informations permettant aux facteur·trices de comprendre les risques liés à une qualité dangereuse de l'air afin qu'ils et elles puissent se défendre est une première étape. Seules les administrations de la santé et de la sécurité au travail des États de Californie et d'Oregon disposent actuellement de réglementations en matière de qualité de l'air, et celles-ci ne couvrent pas les employés fédéraux. Les facteur·trices doivent faire appel à leurs représentants pour obtenir des protections fédérales plus fortes en matière de qualité de l'air, s'organiser sur le lieu de travail pour se mettre en conformité, partager des informations sur les risques sanitaires et refuser collectivement tout travail dangereux lors de catastrophes telles que les incendies de forêt ou d'autres événements climatiques extrêmes.

Nous n'avons pas des décennies pour gagner des garanties essentielles en matière de qualité de l'air et de conditions météorologiques extrêmes, comme la fourniture de masques ou de respirateurs, et des arrêts de travail au-delà de certains niveaux de qualité de l'air. Les facteur·trices s et autres travailleurs postaux doivent s'unir à tous les travailleurs de l'extérieur pour obtenir des normes de sécurité essentielles dans une nouvelle phase de la crise climatique. L'initiative des United Farm Workers [syndicat de travailleurs agricoles], qui se sont organisés pour obtenir des masques fournis par l'employeur et des normes plus strictes en matière de chaleur et de qualité de l'air, montre la voie à suivre.

En fin de compte, les facteur·trices s peuvent également jouer un rôle dans la surveillance de la qualité de l'air, ainsi que dans le contrôle des populations âgées vulnérables aux coups de chaleur et autres maladies climatiques dans les bureaux de poste, dans le cadre d'une vision élargie d'un service postal public démocratique et syndical. Au niveau des bureaux, nous pouvons commencer par utiliser des outils comme IQAir [outils de surveillance de la qualité de l'air] pour alerter nos collègues lorsqu'une situation dangereuse en matière de qualité de l'air se présente, mettre en place des comités de sécurité pour s'organiser autour de ces situations et d'autres événements climatiques, et pousser nos sections locales à se battre pour des protections et des protocoles complets pour tous les travailleurs extérieurs en première ligne face à la crise climatique.

Malachi Dray , 24 août 2021

 

 

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