Soutien à la grève des chauffeurs routiers et aux autres luttes de la classe ouvrière

Depuis jeudi 22 mai, les chauffeurs routiers d'Iran ont lancé une grève nationale dans plus de 70 villes. Cette action collective est une réponse ferme et organisée aux conditions de vie difficiles, à l’absence de garantie de l'emploi, à l'injustice systémique dans le transport des marchandises, et l'indifférence totale du régime envers les syndicats et les revendications des salarié.es de ce secteur. 

La lutte des chauffeurs routiers n'est pas une explosion temporaire, mais le résultat de décennies de revendications restées sans réponse, de répression subies et de formation d'une conscience de classe. Ce à quoi nous assistons aujourd'hui est la convergence entre d'une part des mécontentements quotidiens, et d'autre part un rejet massif des politiques anti-ouvrières et de l'ordre économique dysfonctionnel de la République islamique.

En réponse à ce mouvement de protestation, les autorités, fidèles à leur habitude, ont refusé tout dialogue réel et toute obligation de rendre des comptes. Au lieu de cela, elles se sont tournées une fois de plus vers la répression, les menaces, les accusations fabriquées de toutes pièces et l'intimidation dans le but de réduire au silence ce secteur vital du salariat. Cependant, cette fois-ci, les chauffeurs routiers - grâce à une organisation plus large, à la sensibilisation du public et à la solidarité d'autres secteurs de la classe ouvrière - ont réussi à neutraliser partiellement l'appareil de répression et à faire connaître leur point de vue au grand public.

Les revendications des chauffeurs dépassent le cadre du secteur des transports. Leurs voix font écho à la situation plus générale des travailleurs/euses, des enseignant.es, des retraité.es, des infirmièr.es et d'autres groupes en lutte : un travail épuisant, des revenus inférieurs au seuil de pauvreté, la flambée des prix du carburant, une assurance sociale inadéquate et des routes dangereuses, autant de facteurs qui reflètent les priorités injustes du système en place. 

Le soulèvement des chauffeurs routiers, ainsi que les protestations simultanées des boulangers confrontés à la montée en flèche du coût des intrants, aux pannes d'électricité, aux services publics inabordables et aux subventions gouvernementales incertaines, indiquent clairement que les crises liées aux salaires, aux moyens de subsistance et au conditions de travail sont devenues profondément interconnectées. Ces soulèvements ne peuvent être analysés de manière isolée ou comme de simples conflits sectoriels. Ils font partie d'une situation structurelle plus large, dont la solution ne réside pas dans des promesses à court terme, mais dans l'organisation indépendante de la main-d'œuvre et la reconstruction de rapports de classe fondés sur la justice sociale et une démocratie authentique. 

La Plateforme syndicale suédoise exprime son entière solidarité avec les protestations des chauffeurs routiers et souligne la nécessité de construire un front uni d'organisations syndicales indépendantes et de représentant.es de la classe ouvrière.

Cette unité peut jeter les bases d'un nouvel ordre, dans lequel le travail ne serait pas un outil sans voix au service du profit et de la répression, mais un agent conscient et organisé de son propre destin. 

Tant que le système actuel est fondé sur l'exploitation et la répression des voix indépendantes et des syndicats indépendants, aucune solution durable aux problèmes des travailleurs et des travailleuses ne sera possible. Ce qui se déroule dans les rues, sur les routes et dans les boulangeries n'est pas une simple protestation, c'est l'ouverture d'un nouvel horizon dans la lutte pour la dignité, la sécurité et l'égalité.

La Plateforme des syndicats suédois réaffirme son engagement à soutenir ces luttes et à collaborer avec les forces indépendantes et les syndicats qui, en Iran, s'efforcent de faire avancer une alternative humaine de classe.

Grâce à l'unité et à l'organisation, notre lutte se rapproche de la victoire.