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Etats-Unis : les travailleur·euses de Buffalo imposent leur tout premier syndicat à Starbucks

Etats-Unis : les travailleur·euses de Buffalo imposent leur tout premier syndicat à Starbucks

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Solidaires (CM)

Par une victoire historique pour le mouvement ouvrier, les travailleur·euses de l'un des 9 000 établissements Starbucks ont voté pour former le tout premier syndicat Starbucks du pays, après avoir fait face à une forte opposition et une campagne anti-syndicale de la part de l'entreprise.

Les travailleur·euses du magasin d'Elmwood à Buffalo ont voté par 19 voix contre 8 en faveur de la syndicalisation sous l'égide de Starbucks Workers United, membre du syndicat Service Employees International Union. Camp Road, le deuxième magasin dont les votes étaient en cours de dépouillement jeudi, a voté contre le syndicat par 12 voix contre 8.

À Genesee Street, un magasin situé près de l'aéroport de Buffalo, plusieurs bulletins de vote étaient contestés par le syndicat et l'entreprise ; jeudi, ces bulletins n'avaient pas encore été pris en compte. Trois autres magasins de la région de Buffalo sont en plein processus de syndicalisation, mais n'ont pas encore tenu d'élections.

La campagne de syndicalisation a suscité une attention nationale, avec le soutien du sénateur Bernie Sanders (Vermont) et de la députée Alexandria Ocasio-Cortez (gauche démocrate, New York). Sanders a félicité les travailleur·euses de Starbucks pour leur victoire jeudi et a qualifié les travailleur·euses syndiqué·es de source d’« inspiration » lors d'une assemblée publique pour soutenir la campagne plus tôt cette semaine.

Depuis des années, les travailleur·euses de Starbucks dénoncent les mauvaises conditions de travail, notamment les problèmes de manque chronique de personnel, qui n'ont fait que s'intensifier avec la pandémie. Les travailleur·euses espèrent négocier une augmentation de salaire, de meilleurs avantages sociaux, des congés maladie et plus encore.

Les employé·es ont déclaré à Candice Bernd de Truthout, que la pandémie a aggravé les conditions de travail déjà très difficiles, l'entreprise accordant de moins en moins de primes alors même qu'elle affiche des bénéfices élevés et alors que les restrictions liées à la pandémie s'atténuent. Les travailleur·euses - ou « partenaires », comme Starbucks les appelle - ont également déclaré que l'entreprise envoie des de nombreux nouveaux employé·es non syndiqué·es sur les lieux de travail syndiqués.
Rien qu'au cours du mois dernier, des employé·es ont déclaré que l'entreprise avait ajouté une trentaine de nouveaux travailleur·euses dans les lieux en cours de syndicalisation afin de diluer le vote. Selon Vice, Genesee Street est l'un de ces sites.
L'entreprise a pris d'autres mesures pour lutter durement contre la campagne de syndicalisation, recourant à des tactiques telles que le dépôt d'une demande de report de dernière minute des élections syndicales, l'organisation de réunions antisyndicales obligatoires et le fait de dire carrément aux employé·es de voter « non ». L'entreprise a également envoyé l'ancien PDG Howard Schultz pour parler aux employé·es et a déployé des cadres, qui dissimulaient leur fonction, pour parler aux employé·es des magasins en voie de syndicalisation et les surveiller.

En octobre, l'entreprise a fermé deux sites en cours de syndicalisation pour des raisons qui, selon elle, n'étaient pas liées à la campagne de syndicalisation. Mais les travailleur·euses n'étaient pas d'accord, affirmant qu'il s'agissait d'une tentative de contrecarrer les efforts de syndicalisation.

Certains travailleur·euses ont déclaré que la victoire des syndicalistes était en partie due au fait que l'entreprise était tenue de respecter ses propres valeurs. Bien qu'elle ait pris à plusieurs reprises des mesures susceptibles pour entraver le droit de ses travailleur·euses à former un syndicat, Starbucks se présente souvent comme une entreprise progressiste.

Les « partenaires » [salarié·es] se lèvent pour dire : « Non, l'entreprise doit s'améliorer. C'est pour cela que nous sommes venus dans cette entreprise, parce qu'elle nous a dit qu'elle serait meilleure », a déclaré Gianna Reeve, chef d'équipe de Camp Road, à Bernd de Truthout. « Essentiellement, [nous disons] mettez votre argent là où c’est nécessaire».

La formation du syndicat est un moment décisif pour le mouvement syndical américain, qui est en pleine résurgence. Elle intervient alors que d'autres initiatives syndicales ont récemment été victimes des efforts de démantèlement de syndicats déployés par les géants de l'industrie, comme lors de la syndicalisation des travailleur·euses d'Amazon à Bessemer, en Alabama. [les autorités fédérales ont ordonné l’organisation d’un nouveau vote sur la création ou non d’un syndicat dans un entrepôt d’Amazon en Alabama].
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