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Soudan : «Nous devons conserver l'arme de la grève» : les employé·es de justice et les employé·es de banque soudanais défendent leur dignité.

Soudan : «Nous devons conserver l'arme de la grève» : les employé·es de justice et les employé·es de banque soudanais défendent leur dignité.

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Solidaires (CM)

[Appel en soutien, ici->http://www.laboursolidarity.org/Soudan-Nous-devons-conserver-l]


D'immenses manifestations continuent de secouer le Soudan grâce au mouvement de masse mené par les comités de résistance réclamant un régime civil et la démocratie. Malgré la répression croissante et les assassinats de manifestant·es par les forces de sécurité, des dizaines de milliers de personnes continuent de se joindre aux manifestations contre le coup d'État militaire. Parallèlement aux protestations dans les rues, d'importantes luttes se sont développées sur certains lieux de travail, et les militant·es commencent à établir des liens entre la lutte pour la dignité économique et la bataille pour la démocratie et la liberté politique.

Les débrayages des travailleur·euses de la justice entraînent la fermeture des tribunaux au Soudan



Des milliers de travailleur·euses du secteur judiciaire ont participé à des grèves entre le 2 et le 6 janvier pour réclamer une augmentation de leurs primes afin de faire face à la hausse vertigineuse du coût de la vie. Les travailleur·euses de l'autorité judiciaire ont organisé une action nationale coordonnée par des comités de grève dans chaque province, qui ont fait état d'une participation allant jusqu'à 100 % dans certaines régions, selon l'Association soudanaise des travailleur·euses pour la restauration des syndicats (SWAFRTU). Khartoum, Omdurman, Port Soudan, Gedaref, le Darfour du Nord et le Kordofan de l'Ouest figurent parmi les provinces où l'ensemble du personnel a débrayé.

«Nous devons garder l'arme de la grève - c'est la plus forte pour obtenir nos justes revendications», a écrit Mohammed Abd-al-Majid, employé de la justice et syndicaliste, sur la page SWARFTU. «Les travailleur·euses et les employé·es ont utilisé tous les moyens légaux et légitimes pour obtenir leurs droits, y compris les négociations et les réunions de suivi, mais lorsque toutes les portes leur ont été fermées au nez à la suite de la dissolution des syndicats par le chef du coup d'État, ils et elles ont eu recours à la grève

Licenciements massifs à la Bank of Khartoum : les travailleur·euses défient les patrons corrompus



Plus de 200 employé·es de la Bank of Khartoum ont été licencié·es et plus de 500 autres risquent de l'être, la direction de l'établissement faisant preuve de fermeté après des mois de mobilisation pour réclamer de meilleures conditions de travail et s'opposer au coup d'État militaire. La banque a été privatisée en 2010, lorsque le gouvernement a vendu la plupart de ses actions au secteur privé, la Bank of Abu Dhabi en achetant 70 %. Des hommes d'affaires proches de l'ancien régime ont également fait fortune grâce à la privatisation de la banque. Fadl Mohamed Khair, qui a été arrêté lors d'une enquête sur la corruption dans les derniers jours du régime de Bachir, aurait empoché plus de 1,9 milliard de livres soudanaises de la banque au cours de la seule année 2018.

Depuis le début de la révolution en décembre 2018, les travailleur·euses de la Bank of Khartoum ont commencé à se battre. Ils et elles réclament une augmentation de salaire correspondant au coût de la vie qui monte en flèche et font campagne pour se débarrasser des dirigeants qui poussent à la suppression d'emplois pour maximiser les profits des patrons étrangers et locaux de la banque.

La solidarité se développe



Les batailles dans les tribunaux et à la Banque de Khartoum ont commencé à susciter des campagnes de solidarité et des efforts pour rassembler les travailleur·euses en grève et les militant·es des comités de résistance. Zakaria Yunis Musa, un employé des tribunaux du Darfour occidental, a appelé à la solidarité avec les employés de la banque dans une lettre ouverte publiée sur la page Facebook de SWAFRTU. "Les travailleur·euses des tribunaux et ceux de la Banque de Khartoum doivent se coordonner et être solidaires les un·es des autres", a-t-il déclaré, "afin de démasquer les féodaux et les capitalistes. Les travailleur·euses et les salarié·es sont les plus à même de ressentir la douleur des un·es et des autres et, grâce à la solidarité et à l'unité, ils et elles réussiront à gagner leurs droits humains, matériels, économiques, sociaux, culturels et politiques."

Certains comités de résistance ont publié des déclarations de solidarité avec les employé·es des tribunaux, des banques et autres grévistes. La Coordination de la révolution de décembre à Ombada, un district situé à l'ouest d'Omdurman, a exhorté les militant·es à se mobiliser en soutien dans une déclaration du 5 janvier.

«Soyons solidaires avec les travailleur·euses de la Banque de Khartoum, de l'institution judiciaire et de la société Centroid afin de rétablir leurs droits. Nous devons enraciner le principe de solidarité mutuelle entre toutes les forces de résistance afin de provoquer une révolution dans les institutions et les foyers. Cela conduira au renversement d'un régime qui a mis en œuvre des politiques économiques basées sur le licenciement des travailleur·euses et la négation de leurs droits. Nous devons construire un système économique national basé sur la nationalisation de toutes les propriétés et institutions publiques qui ont été privatisées par les mêmes politiques réactionnaires.»
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